Two Lovers

Affiche Two Lovers
Réalisé par James Gray
Pays de production U.S.A.
Année 2008
Durée
Genre Drame
Distributeur Wild Bunch Distribution
Acteurs Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Moni Moshonov, Vinessa Shaw, Isabella Rossellini
N° cinéfeuilles 570
Bande annonce (Allociné)

Critique

James Gray (THE YARDS, LA NUIT NOUS APPARTIENT, mais surtout son premier film LITTLE ODESSA!) reprend son acteur préféré Joaquin Phoenix, pour qui il a taillé un rôle sur mesure. Leonard Kraditor, jeune homme maniaco-dépressif qui n’en est plus à sa première tentative de suicide, est entouré de trois figures féminines bien contrastées: sa mère, qui aimerait le voir épouser Sandra afin qu’il reste dans la petite entreprise familiale plutôt que Michelle, une blonde fragile (excellente composition de Gwyneth Paltrow) lui demandant de l’aider à sortir d’une liaison apparemment sans avenir. Leonard, fragile lui aussi (en plus de sa bipolarité, il préférerait être photographe professionnel plutôt que teinturier-blanchisseur), est déchiré entre la pression exercée par ses parents et son amour passionné.

Il en résulte un drame intimiste voire confiné dont les protagonistes vivent intensément leurs émotions. A son tour, le spectateur est partagé entre les tourments de Leonard, le don sans espoir de retour de Sandra, les palinodies de Michelle et l’affection encombrante des parents, observés et décrits avec finesse.



Daniel Grivel





Leonard (Joaquin Phœnix), jeune homme paumé, tente de se suicider de la jetée de Brighton Beach sur la péninsule de Coney Island à New York. Des passants le repêchent. Confus et blessé par un échec amoureux, il revient vivre chez ses parents dans une atmosphère familiale pesante. Le réalisateur James Gray ne va plus lâcher ce garçon mal dans sa peau qui rêve de devenir photographe mais ne fait pas grand-chose de ses journées. Ses parents voudraient qu’il s’investisse dans la teinturerie familiale et le travaillent au corps. Ils invitent un couple de collègues et leur fille Sandra (Vinessa Shaw) dans l’espoir que cette dernière tirera Leonard de sa mélancolie. Entre-temps, le jeune homme a rencontré dans les couloirs de son immeuble une jeune femme, Michelle (Gwyneth Paltrow), dont il tombe éperdument amoureux. Elle est fofolle, un peu toxicomane et surtout très accro à un homme marié qui ne se décide pas à quitter sa femme.

On suit les déchirements de Leonard entre la jolie brune qui n’a d’yeux que pour lui, et Michelle, la blonde qui lui confie ses peines de cœur. Amoureux transi, et surtout bonne poire, il écoute et console la belle évaporée. L’argument est mince mais le film tient la route grâce à Joaquin Phœnix, présent à l’écran pendant tout le film, qui habite son personnage, presque sans le secours des mots. Car les dialogues des scénaristes sont rares. Tout se perçoit dans le regard intense du comédien, dans ses attitudes, ses silences résignés qui en disent long sur ses rêves bousillés. Pas de pathos, mais un drame psychologique qui se joue en mineur.

Les images, dans des bruns sépia poussiéreux, plongent le film dans une atmosphère morose et cafardeuse, à l’image de la vie de Leonard. Gwyneth Paltrow apporte bien sa blondeur lumineuse, mais elle traverse le film comme un top model éthéré, tandis que la brune Vinessa Shaw ne convainc guère en jeune femme aimante et trop lisse. A côté de Joaquin Phœnix, la vedette du film, c’est en fait la ville de New York. On y déambule avec Leonard tantôt dans son quartier de Coney Island un peu délabré que James Gray filme avec tendresse, tantôt du côté du Rockfeller Center ou de l’Opéra, côté paillettes. James Gray a réalisé avec élégance et pudeur ce film intimiste un peu déprimant, qui rompt avec les thrillers criminels auxquels il nous avait habitués (LITTLE ODESSA, THE YARDS et WE OWN THE NIGHT).



Nicole Métral

Ancien membre