Critique
"Issu d'une famille d'immigrés indiens, Gogol (Kal Penn) est né et a grandi à Boston. Sa famille, qui garde de solides racines en Inde et tente de conserver ses traditions, accepte difficilement sa volonté de se fondre dans la société américaine, jusqu'à sortir avec une jeune étudiante de bonne famille ""wasp"" (n.d.l.r.: Blancs de la société anglo-saxonne protestante). D'autant plus que tout se cristallise autour de ce prénom Gogol, que le jeune devenu adulte aimerait changer.
Mais un nom, c'est beaucoup plus que l'assemblage de quelques lettres ou l'impression qu'il n'est qu'un étrange renvoi à un auteur favori de son père. Un nom, c'est une histoire à découvrir et assumer, des racines à s'approprier peut-être pour devenir soi.
Mira Nair fait remonter son récit, pour faire comprendre ce qui se passe en Gogol, au mariage arrangé et très traditionnel de ses parents en Inde. Puis à leur émigration aux Etats-Unis, où s'enchaînent les chocs culturels. Aussi lorsque Gogol, bien des années plus tard, doit faire face au brusque décès de son père, la tension et l'incompréhension d'hier cèdent la place à la culpabilité, au point qu'il en vient à croire que son rachat passe par sa réimmersion dans ses propres traditions.
Et c'est bien cette seconde partie du film, davantage centrée sur la figure de Gogol, adolescent et jeune adulte, qui paraît mieux maîtrisée et qui en appelle moins aux clichés (touristiques), notamment pour évoquer l'Inde de ses parents. Autant dire que si le sujet sensible de cette réalisation met bien le doigt sur une réalité complexe à vivre pour nombre d'immigrés de la seconde génération, son traitement n'est hélas pas encore à la hauteur des aspirations de sa réalisatrice qui obtînt en 2001 un Lion d'Or à La Mostra Venise pour LE MARIAGE DES MOUSSONS."
Serge Molla