Bled Number One

Affiche Bled Number One
Réalisé par Rabah Ameur-Zaïmeche
Pays de production France, Algérie
Année 2005
Durée
Musique Rodolphe Burger
Genre Drame
Distributeur Les Films du Losange
Acteurs Ramzy Bedia, Rabah Ameur-Zaïmeche, Meriem Serbah, Abel Jafri, Farida Ouchani
N° cinéfeuilles 526
Bande annonce (Allociné)

Critique

BLED NUMBER ONE, c'est l'histoire d'un double retour en Algérie. D'abord celui de Kamel qui, à peine sorti d'une prison française, vient d'être renvoyé dans son pays d'origine. Cet exil forcé va le contraindre à retourner dans le bled où il est né, dans une communauté villageoise qu'il connaît encore partiellement, dans un monde qu'il sent tiraillé entre un désir de modernité et le respect des traditions.

Le deuxième retour, c'est celui de Louisa, qui vient de quitter son mari avec son petit garçon. Violemment repoussée par sa famille, frappée par son mari, elle perd un instant toute envie de vivre, alors qu'elle souhaitait faire carrière de chanteuse de jazz. Son avenir ne sera pas facile, mais les dernières séquences laissent quelque espoir. Quant à Kamel, il cherchera à refaire sa vie en Tunisie.

Deux personnages déracinés, en butte à l'indifférence (pour Kamel), à l'hostilité (pour Louisa) de leur environnement. Deux trajectoires existentielles douloureuses qui vont se croiser l'espace d'un instant, au milieu de la violence quotidienne. Par petites touches le cinéaste révèle l'influence islamiste, la rigidité de la tradition ancestrale et religieuse, le sentiment d'insécurité générale qui pousse les habitants à se débrouiller, à créer leur propre police villageoise. Le réalisateur franco-algérien Rabah Ameur-Zaïmeche n'use pas de longs discours, préférant laisser se dérouler l'événement et s'exprimer les émotions: par un choix judicieux de séquences distinctes, par l'utilisation des paysages et des couleurs, son film devient peu à peu une véritable manière de regarder un monde en transformation. Cette plongée dans la ruralité de l'Algérie d'aujourd'hui constitue, par la bonne distance et la justesse de ton trouvées (certaines scènes relèvent presque du documentaire), par la qualité de l'interprétation aussi - celle de Meriem Serbah (Louisa) en particulier - une excellente surprise.

Antoine Rochat