Critique
En Bourse il y a des valeurs non cotées. Au cinéma il devrait y avoir des films non sortables. Comme le dernier avatar de la série des bouffonneries de Michaël Youn et consorts. Le cinéaste qui s'est commis dans cette aventure s'appelle Raffy Shart et ne semble pas redouter la vulgarité. INCONTRÔLABLE, son premier film, lorgne du côté des comédies américaines qui ne font pas dans la dentelle.
Il y a peut-être une petite idée au départ - mais c'est tout: Georges Pal (Michaël Youn) découvre un matin que son corps en a marre d'être une poubelle à laquelle on fait tout avaler. Ce dernier le lui fait savoir, et se regimbe. Ce qui aurait pu devenir une sorte de schizophrénie physique amusante ne sera que prétexte à un dédoublement corporel désordonné et de mauvais goût, malgré le pastiche de l'âne de SHREK et de sa voix intérieure. Inutile de faire un dessin: le scénario va se prêter à toutes les compromissions, à toutes les situations triviales, grivoises et racoleuses.
Caricatures appuyées et dérision permanente, propos épicés en rafales, coups de pattes faciles en direction des Eglises, d'une certaine société, du business et du cinéma, INCONTRÔLABLE se vautre dans la platitude et la grossièreté. Ce qui n'empêche pas le cinéaste de citer Mastroianni et HUIT ET DEMI, et Fellini par quelques affiches. Il n'y a que le ridicule qui ne tue pas. Avec INCONTRÔLABLE, on touche le fond de la bêtise déjantée et incontrôlée. A se demander ce que sont venus faire Thierry Lhermitte et Hélène de Fougerolles dans cette galère calamiteuse.
Antoine Rochat