Yeux clairs (Les)

Affiche Yeux clairs (Les)
Réalisé par Jérôme Bonnell
Pays de production France
Année 2004
Durée
Musique Robert Schumann
Genre Comédie dramatique
Distributeur EuropaCorp Distribution
Acteurs Marc Citti, Lars Rudolph, Nathalie Boutefeu, Judith Rémy, Olivier Rabourdin
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 508
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Fanny (Nathalie Boutefeu) gagne sa vie en faisant des ménages. Elle n'a jamais été tout à fait comme les autres. Plutôt décalée, farouche, mal aimée, elle vit encore chez son frère, mais le courant passe mal, surtout avec sa belle-sœur. Les bévues sont fréquentes. Ce qui passe entre ses mains s'abîme souvent, ou même se casse. Elle semble avoir tant de violence contenue. ""Faut que tu retournes à l'hôpital"", lui suggère son frère. ""T'es tarée"", lui crient quelques enfants du village. Face à cette hostilité de plus en plus agressive, Fanny comprend qu'elle doit fuir, quitter la maison familiale, partir sur les traces de son passé qu'on lui a caché. Traverser la frontière, s'enfoncer dans la forêt, retrouver la tombe de son père, écouter la vie, accueillir l'aide providentielle de ce jeune Oskar (Lars Rudolph) qui dépanne sa voiture et va l'orienter dans cette région inconnue.

Après CHIGNON D'OLGA, Jérôme Bonnell prouve avec ce nouveau long métrage qu'il est un réalisateur inspiré, singulier, talentueux. Il dresse avec délicatesse et finesse le portrait d'une jeune femme pas bien avec elle-même, écorchée vive, réactive, mais qui est bien décidée à trouver sa place. Il capte avec pudeur des regards, des gestes, des attitudes de ce corps qui contient - retient - une certaine violence, ou qui laisse transparaître une sensualité enfouie. Il nous donne à entrevoir la rencontre de Fanny et d'Oskar, au petit matin, à l'orée de la forêt éclaboussée par les rayons du soleil et par les chants d'oiseaux. La beauté des images semble imprimer dans le cœur de Fanny le sceau d'un amour possible. A ce moment-là on peut penser que l'histoire explore la thématique symbolique du conte de fée. ""Mais bizarrement, ce n'était pas une intention de départ. Quand je m'en suis rendu compte, j'ai choisi de développer ces idées"", précise le réalisateur. Une histoire en deux actes, confinée dans deux environnements: la France, puis l'Allemagne. Une évolution du personnage entre ces deux pôles. L'interprétation de Nathalie Boutefeu est toute en nuance, laissant nimber un certain mystère sur son personnage.

La bande-son est discrète. Quelques pages de Schumann pour piano, distillées parcimonieusement sous les doigts de Fanny, peu de paroles, quelques bruits ambiants, juste pour signifier ce qui ne peut être montré par l'image. Poétique, avec quelques touches burlesques, ce film peut aisément s'inscrire dans la lignée des grands cinéastes. Mais Jérôme Bonnell nous laisse le soin de le terminer. Après la rencontre avec Oskar, Fanny prend la route du retour. Quelques centaines de mètres plus loin, elle s'arrête: le réalisateur éteint sa caméra... Un moment de grande émotion esthétique."

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