Critique
"Un taux de chômage incompressible, l'appel à la croissance en guise de fuite en avant et face à cela, un individualisme forcené, ces questions nourrissent le roman de Donald Westlake qui fusille l'ultralibéralisme galopant. Costa-Gavras en réalisateur et Jean-Claude Grumberg en co-scénariste s'en inspirent pour réaliser un conte narquois qui fait mouche par son humour, sans lâcher la réalité du problème.
Quand il a été licencié pour cause de réorganisation et délocalisation, Bruno Davert (José Garcia) ne s'est pas inquiété. Hautement qualifié, encore jeune, il remplissait les conditions pour trouver rapidement un nouvel emploi. Mais trois ans plus tard, la désillusion est sévère, sa famille en souffre et son épouse (Karin Viard) mesure les changements. Bruno se dit alors que pour être réembauché, il lui faut prendre les grands moyens.
Scénario classique? Absolument pas. Le parti pris par Bruno va faire la différence. Du drame social, le film ne donne que des ponctuations, histoire de rappeler que le procès contre les excès du système économique contemporain reste ouvert. Pour le reste, il s'impose comme une comédie policière où l'absurde et l'ironie se coudoient plutôt finement. ""Nous ne faisons pas l'apologie de Bruno, mais la critique du monde à travers son comportement"", indique Jean-Claude Grumberg. Dans un décor tantôt complice, tantôt provocateur, le cadre sans-emploi saute les obstacles pour réaliser son plan. Les clins d'œil sont de circonstance, le ton goguenard et les comédiens bien comme il faut... Oui, c'est une bonne petite comédie française, cela arrive aussi."
Geneviève Praplan
