Divins Secrets des petites Ya-Ya (Les)

Pleine de profondeur humaine et de nuances, cette première œuvre souffre pourtant d'une mise en scène inégale, d'une certaine complexité et d'un rythme peu adéquat.

Sidda Lee (Sandra Bullock) est une jeune dramaturge venue faire carrière à New York, loin de sa Louisiane natale, de sa mère Vivi dont elle peine à supporter les excès en tous genres. Interviewée un jour par une journaliste, Sidda se laisse aller à critiquer sa mère qui illico entre dans une épouvantable fureur. Contre-attaque immédiate et musclée de la fille qui prouve sans peine qu'elle a été à bonne école.

Interviennent alors trois amies intimes de Vivi qui vont déployer des trésors d'ingéniosité pour ramener le calme. Les trois vieilles commères enlèvent Sidda et la mettent en résidence surveillée non loin de la maison familiale. Elles font ensuite revivre quelques épisodes marquants du passé qui soulignent les nombreuses qualités et la grandeur d'âme de Vivi. Progressivement, Sidda reconnaît ces valeurs cachées et revient à de meilleurs sentiments envers sa génitrice.

Il y a pêle-mêle du très bon et du beaucoup moins bon dans ce film tiré de deux romans de Rebecca Wells. Callie Khouri (à qui l'on doit le scénario magistral de THELMA ET LOUISE) signe sa première œuvre comme réalisatrice. L'histoire couvre soixante ans de vie, en trois périodes distinctes: début des années quarante, les années soixante et l'époque récente. Un vrai casse-tête non seulement pour le décorateur - amené souvent à vieillir ou à rajeunir le même décor - mais également pour le spectateur.

Pas toujours simple en effet de s'y retrouver parmi les douze personnages chargés de reproduire les quatre protagonistes principaux. Sans compter que leur jeu est souvent inégal: il y a un fossé par exemple entre l'interprétation ciselée des prestigieuses Ya-Ya (Ellen Burstyn, Fionnula Flanagan, Shirley Knight et Maggie Smith) et celle coupée à la hache de Sandra Bullock. A noter la magnifique prestation de Vivi jeune (Ashley Judd).

Autre écueil: le roman est un costume beaucoup trop large pour le cinéma, dont la meilleure source littéraire reste la nouvelle. A vouloir résumer deux romans à la fois, Callie Khouri impose à son film un découpage serré qui emballe le rythme, essouffle le propos et volatilise les personnages.

Cela étant dit, LES DIVINS SECRETS DES PETITES YA-YA sont animés d'un bout à l'autre d'une sorte de grâce légère et joyeuse. Cet optimisme si rare au cinéma fait oublier bien des défauts. De même que l'humour, servi par de grandes comédiennes que le temps a recouvertes d'une délicieuse patine.

Enfin, les trois amies intimes de Vivi sont ensemble le portrait d'un anti-héros: les êtres bienveillants qui - oeuvrant souvent dans l'ombre - sont pour le monde un trésor inestimable. L'optimisme et l'esprit de réconciliation qui les habitent éclairent les relations et nous poussent constamment vers la vie. Ce film met en exergue leur action médiatrice et leur rend discrètement hommage. Peut-être nous apprend-il aussi à mieux les reconnaître dans nos itinéraires particuliers?





Callie Khouri



Callie Khouri a inauguré sa carrière de scénariste avec THELMA ET LOUISE (Oscar du meilleur scénario original). Elle a écrit ensuite AMOURS ET MENSONGES, réalisé en 1995 par Lasse Hallström. Native du Texas, Callie Khouri a passé sa jeunesse au Kentucky et suivi des études de théâtre. Elle débuta en 1985 comme productrice de spots publicitaires et de vidéo-clips.