Detroit

Affiche Detroit
Réalisé par Kathryn Bigelow
Pays de production U.S.A.
Année 2017
Durée
Musique James Newton Howard
Genre Drame, Thriller
Distributeur elitefilms
Acteurs Will Poulter, John Boyega, Jason Mitchell, Algee Smith, Jacob Latimore
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 777
Bande annonce (Allociné)

Critique

Detroit a vécu cinq jours de terribles émeutes raciales en juillet 1967. Kathryn Bigelow (Démineurs, 2008; Zero Dark Thirty, 2012) les commémore à sa façon; elle concentre sa mise en scène sur une nuit passée à obtenir des aveux, dans le motel d’où étaient soi-disant partis les coups de feu d’un tireur d’élite.

Les Dramatics, musiciens noirs, doivent donner un concert ce soir-là, mais la salle est vidée et fermée à cause des émeutes qui font rage dans un quartier voisin. Deux de leurs membres, dont Larry (Algee Smith), le chanteur du groupe, se réfugient au Motel Algiers. La police surgit, alertée par des tirs. Persuadée que le coupable se trouve parmi un groupe de clients noirs, elle les soumet à un brutal interrogatoire. Trois hommes y perdent la vie, beaucoup d’autres sont blessés.
Kathryn Bigelow revendique la «dramatisation» des faits, toute la vérité sur les événements n’étant toujours pas connue cinquante ans après. En conséquence, l’intérêt de son film n’est pas celui d’une reconstitution historique; il se situe plutôt dans le processus de mise en place de la violence, dans l’escalade de la colère, jusqu’à son explosion raciste incontrôlable. Que surgisse dans un tel contexte, un caractère plus fragile, enclin à la discrimination, et tous les drames sont possibles.

La dénonciation des agissements de certains policiers s’est soldée par un non-lieu. Les mettre en scène, fusse dans une tonalité romanesque, a le mérite de poser les questions toujours actuelles de la complaisance et de la lâcheté. Le racisme, la xénophobie, la méfiance envers les points de vue différents sont autant de réactions promptes à surgir. La réalisatrice étasunienne ne se gêne pas de le rappeler.

Soigneusement réalisé, de belle facture, Detroit déroule lentement des séquences insoutenables (le public peut s’en plaindre, mais combien sont les victimes doivent pourtant en supporter de semblables?) La mise en perspective du début donne le ton. La suite est à l’avenant, avec des images terrifiantes; la tension est à son comble. Le jeu des uns et des autres est remarquable, Will Poulter dans le rôle du policier Krauss paraît réellement sombrer dans la paranoïa.

Forcément, il y aura une enquête. Et ici se situe ce qui peut être reproché à Detroit. La longue nuit de violence est épluchée par la caméra, l’horreur n’a pas de fin, bien que tout soit clair dès le début pour les spectateurs. Le procès en revanche est bâclé. C’est dommage, car pour lutter contre le racisme, il faut en comprendre la dialectique. Et c’est au tribunal, en analysant les arguments des uns et des autres qu’on peut en saisir les subtilités et les failles.

Dans ce sens, Le Procès du siècle est un film exemplaire. Réalisé par Mick Jackson en 2016, il est consacré au procès pour diffamation intenté par le révisionniste étasunien David Irving à l’encontre de l’historienne Deborah Lipstadt.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 15