The Wonder Way

Affiche The Wonder Way
Réalisé par Emmanuelle Antille
Pays de production Suisse
Année 2023
Durée
Musique Christian Pahud
Genre Documentaire
Distributeur Intermezzo Films
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 918

Critique

Artiste plasticienne vaudoise, Emmanuelle Antille développe depuis 1995 un travail protéiforme gravitant autour de la photographie, du son, de l’installation et du film. S’intéressant aux codes et rituels qui régissent notre perception de la réalité, elle signe cette année un quatrième documentaire questionnant la création d’espace sensible, aussi imaginaire que concret.

Quelles impulsions poussent les hommes à imaginer les contours d’un nouveau territoire? Plutôt que d’y appliquer un traitement rationnel et didactique, Antille s’intéresse au pouvoir sensible qu’invoque les artistes dans leur propre conception de l’espace mental et physique. En voix off, l’artiste déroule une carte organique de la question au rythme des paroles qu’elle récolte. Partant du souvenir du jardin de sa grand-mère qui le nourrissait avec passion, de fantasme et de rêve pour s’échapper de sa propre réalité, la discussion se déplace autour de la formation de l’inconscient comme premier vecteur de la création pour penser le monde au-delà de notre espace-temps commun.

S’ouvre alors de multiples réponses, à l’instar du décorateur de cinéma Radlett King Lawrence qui, dans les limites de sa propriété terrestre, crée Phantasmagoria, une installation faite de verre et de métal en constante mutation. La narration s’enclenche ainsi au détour des propositions artistiques, allant du Land Art à l’image des œuvres de Charles Ross, aux cartographies mystérieuses du couple d’artistes Jugnet + Clairet, épris du silencieux désert américain, et qui y trouve son écho lumineux dans l’écrin du musée qui lui est dédié. Naviguant sur les théories de Michel Foucault sur la création, l’œil part du florissant végétal vers un dépouillement poussiéreux. Tel un cycle qui se renouvelle, reflétant de ce fait les préoccupations quasi transcendantales que l’homme entretient avec son environnement et ses semblables, ainsi que dans les limites que son esprit lui accorde.

En établissant des protocoles opérationnels pour donner corps à des territoires abstraits, tels des actes de résistance face à sa condition mortelle, ne cherche-t-on pas constamment à échapper à la finitude de l’existence? Le film se détache progressivement du conceptuel pour se muer en navire, se dirigeant parfois vers le tangible physique illustré par le témoignage de Didier Queloz, astrophysicien. Ayant découvert la première exoplanète, il livre une approche plus scientifique de la recherche et de la projection de nouveaux espaces, dans le prisme infini du cosmos. C’est en traversant un matériel conséquent d’information et de domaine d’application, et en se donnant la liberté de se perde dans ses propos, que The Wonder Way d’Emmanuelle Antille, signe une approche intéressante du film d’artiste sous l’égide de l’exploration de la spatialité dans ses quatre dimensions.

Emilie Fradella

Appréciations

Nom Notes
Emilie Fradella 13
Kim Figuerola 12
Marvin Ancian 8