I Giacometti

Affiche I Giacometti
Réalisé par Susanna Fanzun
Pays de production Suisse
Année 2023
Durée
Musique Hania Rani
Genre Documentaire
Distributeur Vinca Film
Age légal 10 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 918

Critique

Des rudes mais superbes paysages du val Bregaglia dans les Grisons naissent les œuvres du père Giovanni ainsi que les aspirations artistiques d’Alberto, Diego, Ottilia et Bruno. Pourtant, comment d’une vallée montagneuse si isolée, le rayonnement de la famille Giacometti a-t-il pu avoir un écho aussi significatif dans le monde de l’art? C’est la question à laquelle Susanna Fanzun tente de répondre dans ce documentaire tout en sensibilité.

Susanna Fanzun est née dans la vallée grisonne voisine de celle des Giacometti. Petite, elle a été marquée par les illustrations de Giovanni Giacometti dans Parevlas Engiadinaisas (1901), un livre de contes en romanche de Gian Bundi. Dès lors, elle est particulièrement fascinée par cette famille d’artistes, dont Annetta, l’épouse et la mère, fut la garante du lien indéfectible qui a existé entre eux. En tant que cinéaste documentariste, elle s’est donc intéressée à filmer une histoire issue de son propre environnement.

Ainsi, le film débute avec une citation qui résume à elle seule l’équation métaphysique entre les Giacometti et ce lieu singulier et austère du canton des Grisons: «Après que Dieu créa le monde, il observa le val Bregaglia et a trouvé que les habitants n’avaient pas de chance avec cette vallée ombragée. Il leur a donc offert la famille Giacometti.» Du soleil hivernal absent durant trois mois et de la chatoyante palette chromatique des rochers et de la rivière Mera, naissent les œuvres impressionnistes et fauvistes du père Giovanni (lui-même très inspiré par les tableaux de Giovanni Segantini), ainsi que les aspirations artistiques de ses quatre enfants, Alberto, Diego, Ottilia et Bruno. Fanzun se demande comment d’une vallée montagneuse si isolée, l’influence de cette famille d’artistes a pu avoir un écho aussi retentissant dans le monde de l’art. Durant dix ans, entre la Suisse et la France, elle va donc suivre leurs traces, à la recherche de témoins qui les ont connus personnellement. Avec l’étroite collaboration du Kunsthaus de Zurich et la Fondation Giacometti, elle tente de répondre à cette question en explorant les paysages majestueux de l’Engadine, les œuvres, les esquisses, les documents photographiques et les échanges épistolaires. C’est à travers ses investigations, les entretiens et les archives (privées et publiques), qu’elle découvre le destin hors du commun des Giacometti.

L’originalité de I Giacometti se base sur une approche narrative qui ne se déploie pas à partir d’une analyse iconographique approfondie, mais d’une arborescence biographique d’une famille très unie. S’appuyant sur des séquences réelles, tournées dans les Grisons, le film démontre également comment les paysages et ses couleurs ont modelé l’esthétique de leur art. Loin d’être un simple «autre documentaire sur Giacometti», il ne se focalise pas uniquement sur Alberto, le plus connu de cette famille. Mais sur chacun des membres, comme l’indique le titre. Bien que le choix graphique d’allonger le premier «i» de Giacometti semble se référer à la célèbre série de sculptures Homme qui marche (1947-1960) de l’aîné de la fratrie, Fanzun établit l’importance de la contribution tant affective qu’artistique. Entre les parents et les enfants. Entre les frères et la sœur. Et en particulier entre Alberto et Diego à Paris.

La réalisatrice grisonne ne brosse pas un portrait idéal mais nous conte les vicissitudes d’une famille spécialement talentueuse. Sans être trop scientifique, I Giacometti nous offre par conséquent une belle et agréable exploration dans des sites magnifiques et dans un pan de l’histoire de l’art suisse des premières années du 20e siècle.

Kim Figuerola

Appréciations

Nom Notes
Kim Figuerola 15