Matrix

MATRIX, c'est la rencontre de l'innovation la plus voyante de la fin du XXe siècle, l'ordinateur, et des fantasmes qu'elle engendre, avec quelques thèmes de la littérature fantastique des siècles passés ou de la mythologie grecque. C'est ainsi que l'on y trouve Alice au pays des merveilles, Voyage au centre de la terre, mais aussi Orphée aux enfers, sans oublier l'Oracle de Delphes. Il faut aussi compter avec une bonne dose de messianisme: le héros est-il le sauveur d'une humanité contrôlée par Matrix, sorte d'ogre informatique tirant son énergie de la matière vivante? Ajoutez quelques idées simples pour ne pas dire simplistes sur la perception de la réalité et une bonne dose de méthode Coué pour devenir invincible, et le tour est joué.

Résumons: un informaticien, M. Anderson, reçoit un soir sur son ordinateur un message d'un certain Morpheus (Laurence Fishburne). Commence alors une aventure dont il est impossible de savoir si elle est réelle ou virtuelle, imaginaire. Anderson devient Neo (Keanu Reeves), accepte de rencontrer Trinity (Carrie-Anne Moss) qui le conduit jusqu'à Morpheus. Celui-ci lui révèle la vérité: l'humanité est esclave de Matrix, intelligence artificielle créée par les hommes à la fin du XXe siècle. Deux siècles plus tard, Matrix s'est affranchie du contrôle humain et a inversé les rôles. Réfugiés dans une sorte de sous-marin naviguant dans les vestiges des cités d'autrefois, Morpheus, Neo, Trinity et quelques autres font des incursions dans la Matrix pour tenter de la détruire.

Le film joue subtilement sur une incertitude constante. Qu'est-ce que tout cela? Réalité, rêve, jeu virtuel dans lequel l'être humain devient acteur au point de ne plus distinguer entre réalité et fiction? Larry et Andy Wachowski ne sont pas loin de nous persuader que nous sommes déjà victimes de Matrix, autrement dit que notre perception de la réalité est déjà menacée, faussée, par la gigantesque toile informatique à laquelle nous nous en remettons entièrement. A ce titre, le film est troublant. On n'est pas insensible non plus à ces personnages cherchant leur liberté. Les incursions dans la Matrix donnent lieu à des fusillades délirantes et à des acrobaties incroyables. Enfin le film n'existerait évidemment pas sans un déluge d'effets spéciaux. L'informatique donne ainsi le fond et la forme de MATRIX.