Gomorra

Affiche Gomorra
Réalisé par Matteo Garrone
Pays de production Italie
Année 2008
Durée
Musique Matthew Herbert
Genre Drame, Policier
Distributeur Le Pacte
Acteurs Toni Servillo, Salvatore Abruzzese, Gianfelice Imparato, Maria Nazionale, Carmine Paternoster
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 570
Bande annonce (Allociné)

Critique

Au commencement, il y avait un best-seller éponyme de Roberto Saviano, dont le titre joue avec les mots Gomorrhe et camorra, la mafia napolitaine ou, comme l’appellent ses membres dits «hommes honorables», le Système. L’enquête a été fouillée et a valu à son auteur des menaces qui ont conduit à sa protection policière permanente et à des changements répétés de résidence.

Le film nous fait entrer dans un monde où pouvoir, argent et violence sont rois, et évoque les destins croisés de divers acteurs: Toto, gamin qui paiera de sa vie ses petites combines; Don Ciro, trésorier apportant leur pension à des familles de mafieux emprisonnés ou décédés; deux jeunes rêvant de devenir des parrains de cinéma; un tailleur travaillant au noir pour de grands couturiers... On découvre une cité de banlieue, plate-forme de tous les trafics, dont les coursives, les passerelles et les escaliers font penser aux carceri de Piranèse. On rejoint aussi une actualité plus brûlante - c’est le cas de le dire - avec l’élimination des ordures et déchets mise en coupe réglée par des messieurs en costume trois pièces assistés de jeunes ingénieurs.

A mi-chemin entre le documentaire et la fiction, GOMORRA nous ouvre les yeux sur une hydre toujours plus présente et puissante, sur l’entreprise la plus prospère d’Italie ainsi que sur ces règlements de comptes et guerres internes qui ont fait des milliers de morts ces trente dernières années. Le tableau fait froid dans le dos.



Glamour ou réalisme? Le débat qui agite le landerneau du cinéma helvétique est réglé, pour le réalisateur du Grand Prix du Jury du Festival de Cannes. Pour lui comme pour l’auteur du livre qui lui a inspiré le film, la présentation de la camorra, c’est-à-dire de la mafia napolitaine, ne relève pas du glamour, contrairement aux films hollywoodiens. Les deux jeunes qui s’évertuent à pasticher des scènes du PARRAIN finissent mal, la corruption et le sang sont omniprésents, et les mafieux siciliens apparaissent comme des culs-terreux comparés à leurs collègues napolitains.

Il faut saluer le courage du journaliste et du cinéaste, qui ont mis leur vie en jeu. Davantage que la direction du lycée d’où sont issus les jeunes «héros» du film, qui avaient fourni un gros travail (réalisation d’une pièce d’Aristophane, ateliers de dramaturgie): parce que le tournage leur a trop fait manquer l’école, ils ont été virés - une démarche moins pédagogique que celle de GOMORRA!

Daniel Grivel