Pas un de moins

Affiche Pas un de moins
Réalisé par Zhang Yimou
Pays de production Chine
Année 1998
Durée
Musique Bao San
Genre Comédie dramatique
Acteurs Wei Minzhi, Zhang Huike, Tian Zhenda, Gao Enman, Sun Zhimei
N° cinéfeuilles 405

Critique

"La Chine rurale, son décalage par rapport à la ville qui s'émancipe, donne à Zhang Yimou le prétexte d'un film touchant et riche.

Gao, l'instituteur, doit partir pour un mois au moins, sa mère étant gravement malade. Mais qui peut le remplacer dans ce village perdu? Le maire a la réponse. Wei Minzhi vit dans un autre village où elle est une bonne élève. Agée de treize ans, elle est en mesure de tenir un groupe d'une vingtaine d'enfants. Mais elle ne sera payée que si tous les enfants sont présents au retour de l'instituteur. Les gosses ne tardent pas à chahuter. L'institutrice remplaçante ne s'en préoccupe guère, son unique souci est de ne pas perdre un seul enfant. Le premier à manquer est Zhang Huike. Et c'est pour la bonne cause puisqu'il va gagner au chef-lieu le pain de sa famille dont la mère est malade. L'obstination de Wei Minzhi n'a d'égale que sa volonté de recevoir son salaire. Cet entêtement l'amène à vivre de douloureuses péripéties et conduit le spectateur à la découverte des contrastes chinois contemporains. Ce film est autrement efficace et touchant que THE ROAD HOME, du même réalisateur mais tourné plus tard, et qui sort en même temps sur les écrans romands.

NOT ONE LESS est entièrement tourné par des acteurs non professionnels, qui réussissent sans peine à donner à l'écran l'authenticité de leur propre rôle. Il faut voir le terrible Zhang Huike jouer au singe dans la classe, il faut le voir beaucoup plus tard, perdu et triste, dans une ville immense dont il ne connaît pas l'usage. Tout aussi étonnante est Wei Minzhi, la jeune institutrice, dont le visage glisse progressivement de l'entêtement au chagrin. Pour un élève perdu, elle abandonne tous les autres, pas un ne manquera à l'appel en fin de compte, mais à quel prix. ""J'ai entendu dire que l'on avait surnommé Zhang Yimou le 'réalisateur paysan' parce que nombre de ses films se déroulent à la campagne, explique la jeune fille. Je suis d'accord avec cela, plus par ce qu'il est et la façon dont il vit que, par ce qu'il fait. C'est un homme simple et d'une grande franchise. Il m'a enseigné non seulement comment jouer, mais aussi comment devenir quelqu'un de meilleur.""

Quelque chose de ce témoignage se devine à travers le déroulement du film. Wei Minzhi affronte un monde immense et indomptable, qu'elle cherche à dompter néanmoins. On la sent devenir douloureusement inquiète pour ce petit garçon disparu, son argent lui-même passe à l'arrière-plan. Le réalisateur en profite pour dépeindre la ville et son occidentalisation qui avance probablement un peu trop vite. Pour preuve, l'émission de télévision à laquelle va participer l'institutrice n'est rien d'autre qu'une contrefaçon de ""Perdu de vue"", l'une des émissions particulièrement piteuses que l'on a pu voir sur les chaînes françaises. Bien que bénéfique pour le village, la charitable et sirupeuse télévision reçoit les coups de griffe mérités. Les héros de l'histoire ne sont pas ces journalistes élégants devenus semblables à leurs collègues de toute la planète (""Qu'avez-vous ressenti..."" est la question bateau des reporters globalisés). Non, les héros ce sont ces deux enfants, attentifs à la règle de vie qui est celle de leur village: travailler pour survivre.





Zhang Yimou



Né en 1950 à Xian, en Chine, Zhang Yimou fait ses débuts de réalisateur, en 1988, avec LE SORGHO ROUGE, dont la vedette était Gong Li. Le cinéaste la fera tourner par la suite à plusieurs reprises, dans des films qui connaîtront un grand succès international: EPOUSES ET CONCUBINES; QIU JU, UNE FEMME CHINOISE; VIVRE et SHANGHAI TRIAD."

Geneviève Praplan