Secret (Le)

Affiche Secret (Le)
Réalisé par Virginie Wagon
Pays de production France
Année 2000
Durée
Genre Comédie dramatique
Acteurs Anne Coesens, Michel Bompoil, Tony Todd, Aladin Reibel, Jacqueline Jehanneuf
Age légal 16 ans
Age suggéré 18 ans
N° cinéfeuilles 402
Bande annonce (Allociné)

Critique

Film sympathique, très bien joué, le long métrage de Virginie Wagon pose de bonnes questions, avant de tomber dans le thème classique de la vie de couple à trois.

Marie (Anne Coesens) et François (Michel Bompoil) sont mariés depuis douze ans, ils ont un petit garçon de deux ans dont ils s'occupent ensemble. François aimerait bien avoir un autre enfant. Marie hésite, pour elle, ce n'est pas si simple. Et puis, elle aime son travail. Comme vendeuse d'encyclopédies, elle rencontre différentes personnes, dans différents milieux. Un jour, c'est Bill (Tony Todd), un danseur noir américain, venu en France pour se changer les idées. Marie devient un papillon, accroché à la lumière étrange dont rayonne cet homme si libre. Elle perd le fil de sa vie.

Petite histoire du quotidien conjugal, ou plutôt, de la femme au quotidien, LE SECRET prend le bonheur tranquille de la routine et le soumet à la question. Jusqu'ici, Marie a repoussé son vague à l'âme. Elle est toutefois de ces femmes qui s'interrogent sur leur rôle, sur leur indépendance, l'avis qu'elles ont à donner sur les choix qu'on fait à deux. Le sujet du deuxième enfant ébranle ses certitudes, la rencontre avec Bill les détruit. Le danseur est le catalyseur qui manquait à la jeune femme pour aller jusqu'au bout de ses interrogations.

Il y a là plusieurs thèmes intéressants. Parce qu'elle est femme, une femme doit-elle forcément avoir des enfants. Un enfant doit-il forcément avoir un frère ou une soeur. La vie d'un couple qui s'entend bien est-elle forcément heureuse. Que faire du besoin d'épanouissement qui contrarie cette vie de couple? Que faire d'une passion parasite qui finit par saper la vie du couple? Il y a beaucoup de sensibilité chez Virginie Wagon pour mettre en évidence les doutes, les atermoiements, le besoin de Marie de s'affirmer. La réalisatrice n'a rien de ces aigreurs féministes qui ont parfois ridiculisé l'émancipation de la femme. Au contraire, elle dit avec douceur et douleur combien à l'image de tant d'autres, son personnage est à la croisée des chemins: mère, épouse, voilà pour les rôles traditionnels dont la pression se fait toujours sentir. Professionnelle, voilà pour le rôle social désormais acquis. Quant à l'épanouissement individuel et les contradictions qu'il entraîne aux dépens des trois rôles précédents, il reste encore aléatoire et la réflexion sur ce point mérite d'être développée.

Malheureusement, elle ne l'est pas assez dans LE SECRET. Bill, personnage énigmatique dont les points de vue sont énoncés avec respect et sérénité, laisse entrevoir une belle indépendance d'esprit. Les remises en questions de Marie y trouvent un terreau fertile. Mais elles se noient très vite, trop vite, dans les images envahissantes de la relation sexuelle. Cette passion qui réhabilite le corps de Marie, déclenche une explosion chez les deux époux, rien d'étonnant à cela. Cependant, on pouvait attendre de la réalisatrice qu'elle donne un meilleur équilibre entre le trouble existentiel de son personnage, et le couple larvé par la passion extraconjugale.

Geneviève Praplan