Fast Food, Fast Women

Affiche Fast Food, Fast Women
Réalisé par Amos Kollek
Pays de production U.S.A.
Année 2000
Durée
Musique David Carbonara
Genre Comédie
Acteurs Anna Thomson, Lonette McKee, Louise Lasser, Victor Argo, Jamie Harris
Age légal 12 ans
Age suggéré 15 ans
N° cinéfeuilles 399
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Variations sur le thème ""comment tomber amoureux quand on ne s'aime pas beaucoup soi-même"".

Le réalisateur de SUE PERDUE DANS MANHATTAN réussit ici une comédie savoureuse et sensible, au coeur de la vie.

Qui ose parler des amours des vieilles gens? Personne. Ni dans la société en général où il est encore et toujours convenu que les coups de foudre sont réservés à la jeunesse, ni dans la publicité où dépasser vingt-cinq ans est rédhibitoire, ni surtout dans l'industrie du cinéma qui ne se risque guère à offrir des visages fanés à son public. En 1991, le regretté Marco Ferreri a remporté un prix au Festival de Berlin avec un film touchant, mais cruel, LA MAISON DU SOURIRE. Ce film relatait la passion qui liait deux pensionnaires d'une maison de retraite, passion sans cesse contrariée par un personnel soignant jaloux. Réel chef-d'oeuvre, ce film n'a jamais été distribué en Suisse.

Il y a donc un risque à parler des personnes âgées qui s'aiment. Le réalisateur israélien Amos Kollek ne s'en émeut pas et se lance dans l'aventure. Cela dit, les soucis des trois septuagénaires qu'il met en scène ne sont pas les seuls en cause, ni leurs visages, ni leurs aventures. Le personnage central, c'est Bella (Anna Thomson) dont le trente-cinquième anniversaire est tout proche. En vérité, FAST FOOD, FAST WOMEN n'est pas un film sur les personnes âgées, mais sur la difficulté d'aimer quelqu'un quand on n'a pas confiance en soi. et il n'y a pas d'âge pour les misères sentimentales. Bella, donc, travaille dans un petit restaurant new-yorkais. Elle vit seule, l'homme qu'elle aime est un lâche parfait qui la voit à la sauvette depuis des années. Les trois retraités fréquentent le restaurant. Bella écoute volontiers leurs confidences en servant les cafés. Paul (Roberto Modica) espère refaire sa vie avec Emily (Louise Lasser), mais il est timide. Seymour (Victor Argo) lui rappelle qu'à leur âge, on a un pied dans la tombe, le troisième larron n'est pas moins cynique. Bella aussi rêve d'être aimée vraiment, mais la providence que sa mère prétend lui envoyer sous les traits de Bruno (Jamie Harris) lui paraît peut crédible.

Tout à coup, ce quartier de New York paraît bien petit. Tout le monde se croise, se repère, se reconnaît, des maladresses sont commises, des conseils sont donnés et des malentendus compromettent les sentiments naissants. Le film n'a cependant rien d'un vaudeville. Ecrit et réalisé avec délicatesse, il est la vie, racontée comme dans la vie. Et c'est un petit bonheur construit comme il se doit sur un savoureux mélange d'incertitude, d'humour et de tendresse. Amos Kollek utilise judicieusement sa double licence en psychologie et en philosophie. Il campe des caractères attachants et trouve les comédiens parfaits pour les incarner."

Geneviève Praplan