Sunshine

Affiche Sunshine
Réalisé par Istvan Szabo
Pays de production Autriche, Canada, Hongrie, Allemagne
Année 1999
Durée
Musique Maurice Jarre
Genre Drame, Historique
Distributeur Metropolitan FilmExport
Acteurs Rachel Weisz, Jennifer Ehle, Ralph Fiennes, Deborah Kara Unger, Rosemary Harris
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 392
Bande annonce (Allociné)

Critique

"En un siècle, la Hongrie a connu trois désastres majeurs, l'Empire, le fascisme, le communisme. Ce verdict du réalisateur hongrois, dont l'oeuvre commence en 1960, résume son dernier film.

Une famille juive, la famille Sonnenschein, fera l'expérience de ces trois désastres sur trois générations. Une génération par régime politique.

L'histoire, racontée par le dernier descendant de la famille, débute dans un village de Hongrie. Un distillateur met au point la recette d'une liqueur, le ""Vin du soleil"". Cette recette, dont le secret sera jalousement conservé par ses descendants, assurera leur fortune. Mais lorsque ceux-ci délaisseront l'héritage ancestral, en même temps que certains principes et leur nom, afin de pouvoir embrasser une carrière plus prestigieuse, toute la famille abordera les tragédies du vingtième siècle, première Guerre mondiale et fin de l'Empire austro-hongrois, nazisme et communisme, dans les plus mauvaises conditions.

Le risque d'une telle saga étalée sur presque un siècle est évidemment de lasser le spectateur, de se disperser et se dissoudre dans l'anecdote. Pourtant SUNSHINE évite ces travers-là grâce à trois choses au moins.

Premièrement, le thème principal du film. C'est celui de l'intégration, de l'assimilation dans la société hongroise d'une famille juive qui voit dans cette assimilation - qui va jusqu'au changement du patronyme ""Sonnenschein"" en ""Sors"" - la seule voie possible. Simplement, cette préoccupation qui détermine largement la vie des trois générations Sonnenschein se décline de trois manières différentes, selon le régime politique du moment. Szabo met en évidence de façon implacable l'antisémitisme de l'Empire, du fascisme (là, ce n'est pas difficile) et du communisme, trouvant de toute façon dans l'antisémitisme ancré dans la société hongroise un terrain propice, s'exprimant simplement avec plus ou moins de violence et quelques variations de forme selon le régime politique en place.

Chacun de ces régimes se sert de l'antisémitisme pour arriver à ses fins. Trahis par tous les régimes, les Sonnenschein auront perdu leur vie et leur âme, croyant sauver la première par l'assimilation, le tout sous l'oeil d'un caméraman complice de tous les régimes (au passage Szabo cloue au pilori ce non-engagement des ""médias"" prêts à toutes les compromissions). Le salut sera dans le retour aux sources.

Deuxièmement, un personnage relie ces trois générations, réunissant la force de caractère, la beauté, l'intelligence, la passion; c'est le seul personnage qui survive à l'Empire, au fascisme. Ce personnage central, c'est celui de Valérie Sonnenschein, épouse du premier Sonnenschein, mère du second, grand-mère du troisième (incarnée par Jennifer Ehle et Rosemary Harris).

Si chaque génération de Sonnenschein connaît des amours tumultueuses, - et c'est peut-être le point faible du film qui peut rappeler là certaines séries télévisées, - l'amour violent, plus ou moins contre nature entre Valérie et le premier Sonnenschein, donne le ton et la ligne à tout le film. Les régimes passent, Valérie, la plus fidèle à elle-même des Sonnenschein, reste.

Troisièmement, le réalisateur a eu l'excellente idée de faire appel au même acteur, formidable Ralph Fiennes (LA LISTE DE SCHINDLER, LE PATIENT ANGLAIS) pour incarner les trois Sonnenschein, Ignatz (1869-1930), Adam (1902-1944) et Ivan (né en 1927), soulignant ainsi la continuité, malgré le passage d'une génération à l'autre, dans la recherche de l'assimilation impossible.





Istvan Szabo



Né à Budapest en 1938, où il vit toujours, Istvan Szabo, réalisateur-scénariste, est titulaire d'une soixantaine de prix internationaux; il est considéré comme un des cinéastes les plus importants et les plus influents de sa génération. Après un premier court métrage, CONCERT, datant de 1964 et honoré du Prix de la critique hongroise, il réalise son premier long métrage, également en 1964, L'ÂGE DES ILLUSIONS (Prix d'Argent au Festival de Locarno). Suivirent, entre autres, PERE (1966), UN FILM D'AMOUR (1970), CONTES DE BUDAPEST (1976), MEPHISTO (1980), COLONEL REDL (1985), HANUSSEN (1988), CHERE EMMA (1991). Tous ses films obtiendront de nombreux prix internationaux."

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