Belles à mourir

Affiche Belles à mourir
Réalisé par Michael Patrick Jann
Titre original Drop Dead Gorgeous
Pays de production U.S.A., Allemagne
Année 1999
Durée
Musique Mark Mothersbaugh
Genre Comédie
Distributeur elitefilms
Acteurs Kirsten Dunst, Ellen Barkin, Allison Janney, Denise Richards, Kirstie Alley
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 389
Bande annonce (Allociné)

Critique

Simple histoire de Miss, quand les dissidents états-uniens racontent leur pays.

Vu par Michael Patrick Jann, le concours de beauté de Mount Rose est une satire mordante, qui s'applique à toutes les ""américaneries"" que l'on veut, y compris les présidentielles.

Mount Rose est une ville peuplée de commérages et d'intérêts personnels, enfermée dans une routine implacable et interdite d'avenir. C'est Mount Rose, mais ce pourrait être Rhinelander ou Dubuke, bref, ce sont les Etats-Unis profonds, avec la dramatique impression de vide que génèrent ces endroits dont la seule grandeur semble être la beauté des paysages. En tout cas, on s'ennuie ferme à Mount Rose. Mais plutôt que de se l'avouer, on se rassure en insistant sur la fierté d'être Américain.

Les "primaires" de Miss America vont effacer les dernières ombres. Les belles se préparent, et, chacune peaufinant son thème favori, le cliché devient roi de la Fête. Ce n'est pas tant parce qu'elle en pèse le ridicule, mais parce qu'elle ne s'y intéresse pas, qu'Amber (Kirsten Dunst) reste en retrait. Pourtant, sa mère (Ellen Barkin) a tant souffert de l'enfermement local, qu'elle veut en faire sortir sa fille par le seul moyen possible, ce concours de beauté.

Cette histoire, aussi drôle qu'inquiétante, est signée Lona Williams. La scénariste a vécu une aventure similaire, elle connaît le milieu et le décrit avec beaucoup d'épices. Sa proposition a trouvé la grâce d'un producteur, lequel a cherché un réalisateur capable d'aller jusqu'au bout, c'était Michael Patrick Jann, qui signe là son premier film. Il met le concours en scène à la manière d'un événement réel qui bouscule la routine de la ville. La télévision est là, ses journalistes se glissent partout, c'est par eux qu'on découvre les dessous de Mount Rose.

Eloge du mauvais goût, éloge de la bêtise, éloge du contentement de soi, tout cela est cousu à la taille de la comédie. Mais la couture est à peine caricaturale, tout juste déplacée avec subtilité, pour laisser apparaître le décalage. Là se glissent des personnages délicieux, comme une Loretta (Allison Janney) intégrée mais critique, des clins d'oeil de caméras, des clins d'oeil de bande-son dans une ambiance humanitaro-publicitaire. Une apothéose même, lorsque "Ainsi parla Zarathoustra" de Richard Strauss, accompagne les candidates intoxiquées en train de vomir.

Voilà donc ce que le reste du monde envie, vante et imite. Que la partie tapageuse des Etats-Unis s'affiche en exemple unique et forcément dominateur, c'est son affaire. Ceux qui font problème, ce sont les troupeaux qui s'y rallient, faute d'imagination. En ce début de campagne électorale américaine, les conseillers du candidat Bush junior semblent se réjouir que leur homme soit plutôt limité intellectuellement. La grande mode serait de n'être pas très ouvert au nom d'une soi-disant authenticité, et de "présenter l'indigence de sa campagne comme une vertu", selon un journaliste de Washington, traduit par le Courrier international et repris par Le Temps.

Ce qui compte, c'est gagner. En ceci, "Mr President" ne diffère pas de "Miss America". Le reste du monde peut y réfléchir.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 16
Ancien membre 13
Daniel Grivel 11
Ancien membre 15