Une vie

Inspiré de faits réels plutôt méconnus impliquant le «Schindler britannique», ce film souligne certes un épisode important de l’avant-guerre, mais ne marquera pas pour autant les esprits, malgré un casting talentueux et la volonté presque désespérée de faire naître l’émotion.

Alors que la Seconde Guerre mondiale s’apprête à éclater, Nicholas Winton, un jeune courtier britannique, rend visite à l’un de ses amis à Prague. Choqué par ce qu’il voit dans un camp de réfugiés, il décide de faire tout ce qui est en son pouvoir pour envoyer le plus d’enfants possible en Angleterre, dans des familles d’accueil. Il arrivera finalement à en sauver 669. Cinquante ans plus tard, en 1988, son incroyable histoire est enfin mise en lumière grâce à une émission télévisuelle qui va bouleverser une nouvelle fois son existence.

Le titre de ce film fait référence au proverbe «Sauver une vie, c’est sauver l’humanité tout entière». Que dire alors de l’exploit réalisé en 1938 par Nicholas Winton, soutenu par sa mère Babette à Londres ainsi que par ses amis Doreen Warriner et Trevor Chadwick (entre autres) à Prague? S’il est évidemment très intéressant de découvrir la mise en place de cette impressionnante opération de sauvetage, la réalisation pâtit de la lourdeur qui entache les parties situées dans les années 1980.

En effet, les moments de stress ou d’émotion montrés lors des années 1930 sont bien maîtrisés, avec des tensions palpables, mais pas exagérées. De leur côté, les parties plus tardives tombent souvent dans le mélodrame, en particulier celles illustrant le passage de Winton à l’émission «That’s Life», sorte de «C’est mon choix» à la sauce anglaise. Ce qui est plutôt dommage. Car la véritable séquence de l’émission (que l’on peut facilement trouver sur internet et qui est reproduite quasiment à l’identique dans le film), et aussi surréaliste soit-elle, reste très émouvante et presque naïve. Tandis que son pendant cinématographique tient davantage du tire-larmes éhonté. On a alors parfois l’impression de voir deux films distincts, malgré la cohésion amenée par les deux interprètes du personnage principal, Anthony Hopkins et Johnny Flynn, et malgré la qualité générale du jeu des acteurs. Toutefois, face aux autres productions célébrant les héros de la Seconde Guerre mondiale, Une vie ne restera malheureusement pas dans les mémoires.