Les Murs de Bergame

Affiche Les Murs de Bergame
Réalisé par Stefano Savona
Titre original LE MURA DI BERGAMO
Pays de production Italie
Année 2022
Durée
Musique Giulia Tagliavia
Genre Documentaire
Distributeur Cinémathèque suisse
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 919

Critique

Plongée au cœur d’une ville murée et paralysée par la pandémie de Covid: Bergame dans le nord de l’Italie. Stefano Savona, qui réside alors à Paris, décide de prendre la route pour l’épicentre du virus. Un virus qui est en train de devenir une pandémie aux yeux du monde médusé.

Pour ce documentaire, le cinéaste décide d’emmener une équipe formée par d’anciens élèves du Centre expérimental de cinématographie de Palerme. Il n’en est pas à son coup d’essai. On lui doit Tharir, place de la Libération (2011). Un film qui traite de l’occupation de cette place, au cœur du Caire. Il rend compte de la répression mais aussi des espoirs d’un avenir meilleur. Une véritable expérience sensorielle, immersive et forte.

Ce n’est donc pas un mais plusieurs points de vue qui nous sont cette fois proposés, au plus proche de la réalité d’une région en pleine situation de crise qui confine au cauchemar. Un scénario digne des pires films catastrophe, mais dont nous avons tous été acteur·rice·s à différents niveau, et bien malgré nous. Alors que les frontières se fermaient progressivement, et que la peur s’emparait de l’Europe, le nord de l’Italie est touché de plein fouet par le virus. Commencent à circuler les images des rues vides où résonnent les sirènes des ambulances. Celles également des premiers visages masqués, des patients inconscients et des soignants débordés, souvent impuissants. Une communauté tout entière à la dérive.

C’est une mosaïque et autant d’instants suspendus que nous propose ce film. Sans entrer dans les détails, il offre la possibilité de nous replonger dans les atmosphères denses et anxiogènes d’une ville au bord du gouffre. Une cité confrontée à un mal dont on sait encore peu de choses, mais qui déjà sépare les humains entre eux. Ceux qui perdent leurs proches sans pouvoir prendre congé d’eux. Ceux qui se retrouvent enfermés à leur domicile, face à la solitude. Sans oublier les soignants face à un mal encore étrange qui les tient à distance de leurs patients et de toute une partie de la profession. Une profession qui s’exerce habituellement dans la proximité et le lien. Il y a enfin ceux qui se sont retrouvés sous respirateur, en partie coupés de leur environnement immédiat. Une démarche menée donc avec un souci de la juste distance et de l’empathie, et qui constitue probablement une de ses forces. Pour reconstruire les souvenirs de ces anonymes, le réalisateur a fait appel au montage d’images d’archives privées. Ce qui a le mérite d’introduire des séquences un passé dans tout ce qu’il a de plus vivant. Pourtant, ce procédé provoque une regrettable série de ruptures de rythme dans une trame narrative construite avec minutie.

Une fois la vague passée, c’est avec un œil aiguisé qu’il scrute la manière dont les habitants se rassemblent et pansent leurs plaies collectivement. Un travail de deuil et de mémoire qui passe avant tout par la parole et l’écoute. C’est peut-être cette seconde partie, au rythme plus lent, et au caractère plus contemplatif qui constitue le témoignage le plus intéressant. Celui d’une région qui réapprend à vivre ensemble après le choc. Et bien loin des caméras de télévision.

Noémie Baume

Appréciations

Nom Notes
Noémie Baume 14