Green Border

Affiche Green Border
Réalisé par Agnieszka Holland
Titre original ZIELONA GRANICA
Pays de production Pologne
Année 2023
Durée
Musique Frédéric Vercheval
Genre Drame
Distributeur Trigon
Acteurs Behi Djanati Atai, Maja Ostaszewska, Jalal Altawil, Tomasz Wlosok
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 919

Critique

Lauréat du Prix spécial du Jury à la Mostra de Venise, mais violemment incendié dans le pays d’origine de sa réalisatrice, ce film traite de la crise migratoire de 2021 entre la Biélorussie et l’Union européenne. Il est un véritable coup de poing.

Dans un avion reliant la Turquie à la Biélorussie, une famille de réfugiés syriens rencontre une professeure d’anglais fuyant la guerre en Afghanistan. Encouragé par l’invitation d’Aleksandr Lukashenko, le groupe a bon espoir de rejoindre l’Europe et la sécurité promise. Mais la réalité est tout autre. Victimes d’une manipulation politique de la part du président biélorusse qui veut se venger de l’UE, les fugitifs se retrouvent prisonniers d’une zone d’exclusion au sein de la «frontière verte», une forêt marécageuse où s’affrontent gardes et activistes.

En réaction à l’accueil des réfugiés ukrainiens par sa patrie, la Pologne, Agnieszka Holland a voulu souligner un moment moins glorieux de son histoire, à savoir le «ping-pong» que cette nation a joué avec la Biélorussie. En effet, les deux pays se renvoyant la responsabilité des migrants venant du Moyen-Orient et de l’Afrique, les déplacent de manière inhumaine, de part et d’autre d’une barrière sanglante de barbelés. Comme le laissait présager l’illustration de cet épisode aussi tragique que véridique, le propos de Green Border est d’une lourdeur parfois presque intolérable. Toutefois, son noir et blanc splendide et son image travaillée nous rappellent miséricordieusement que nous ne sommes pas devant un documentaire, et nous aident à prendre du recul face à l’horreur constante dépeinte à l’écran.

Il n’y a d’ailleurs pas que dans la représentation de la violence que la réalisation se montre quelque peu excessive. En effet, par sa générosité et son souci de multiplier les perspectives, le film propose trop de points de vue et trop de nuances. Si bien que le malaise est bel et bien présent. Cela se fait au détriment de l’émotion, car on s’éloigne progressivement des personnages auxquels on s’était attaché au début. De plus, ceux que l’on suit dans la dernière partie sont moins bien construits et plus caricaturaux, à l’instar du groupe d’activistes qui ressemblent plutôt à une parodie d’anarchistes. Expérience éprouvante, ce film s’inscrit pourtant parfaitement dans le contexte actuel et poussera son public à le considérer d’un œil nouveau.


Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 16