Chroniques de Téhéran

Affiche Chroniques de Téhéran
Réalisé par Alireza Khatami, Ali Asgari
Titre original AYEH HAYE ZAMINI
Pays de production Iran
Année 2023
Durée
Genre Drame
Distributeur Filmcoopi
Acteurs Farzin Mohades, Sadaf Asgari, Ardeshir Kazemi, Bahman Ark, Gohar Kheirandish, Faezeh Rad, Majid Salehi
Age légal 6 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 919

Critique

Sélectionné à Cannes en 2023, dans la catégorie Un certain regard et lauréat du Grand Prix lors de la 14e édition du Luxembourg City Film Festival, Chroniques de Téhéran suit la pensée contemporaine du cinéma iranien, toujours plus acide et plus révoltée face à l’autoritaire République islamique.

Tourné en sept jours avec des fonds privés pour contourner toute demande d’autorisation et autre processus fastidieusement chronophage, ce premier film audacieux, écrit et réalisé par le duo Asgari/Khatami, tire son implacable force dans son dispositif de mise en scène. Uniquement composé de plans fixes, le récit démarre sur un prologue dévoilant une vue unique de Téhéran, s’animant au petit matin sur les notes du muezzin. Enchaînant sans transition sur neuf saynètes de nature sociale dans lesquelles l’histoire se joue entre deux interlocuteurs. Un représentant de «l’ordre», de surcroît, de l’autorité, en hors-champ, interroge suspicieusement un citoyen iranien. Le spectateur n’entend que la voix de l’inquisiteur, incarnant un seul et même système, froid, sans visage. Se succèdent alors des tableaux d’apparence banale, virant très vite à l’absurde. Un homme déclarant la naissance de son fils se voit refuser l’emploi du prénom «David» pour cause de consonance occidentale; une mère habille sa fille pour la rentrée selon les strictes directives islamiques; une élève est convoquée par la directrice car elle aurait été accompagnée à moto par un garçon; un homme est obligé de se mettre à nu pour montrer ses tatouages lors de l’obtention de son permis de conduire; ou encore un réalisateur forcé de modifier son scénario portant sur les violences conjugales pour «une histoire plus jolie». Des paroles tirées de faits réels qui construisent un seul dialogue de sourds, puisque le civil est perpétuellement réprimé, rabaissé, peu importe le sujet. Une métaphore brutale de la condition iranienne, criant le malaise sociétal d’une population excédée par un gouvernement qui la méprise. Le ton y est radical, sans détour, impulsé par les répressions des manifestations de 2022.

Vif, absurde et sauvage, Chroniques de Téhéran s’incarne en un ultime rempart intellectuel face au carcan idéologique des mollahs, exploitant les forces de l’image animée pour traduire sa colère embrasée.


Emilie Fradella

Appréciations

Nom Notes
Emilie Fradella 15
Marvin Ancian 15