La Vie de ma mère

Affiche La Vie de ma mère
Réalisé par Julien Carpentier
Pays de production France
Année 2024
Durée
Musique Dom La Nena
Genre Comédie dramatique
Distributeur Frenetic
Acteurs Agnès Jaoui, William Lebghil, Alison Wheeler
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 917

Critique

Pierre, la trentaine, exerce son métier de fleuriste avec un succès grandissant. Alors qu’il lutte pour décrocher un gros contrat et pour éclaircir une vie sentimentale hésitante, il apprend que sa mère Judith, fantasque, incontrôlable et qu’il n’a pas vue depuis longtemps, «est revenue». D’où revient-elle? Mère et fils vont se retrouver lors d’une virée de deux jours afin de s’expliquer et se rapprocher.

Nous découvrirons rapidement que c’est d’une clinique, où elle vit à plein temps et dont elle vient de s’échapper, que Judith revient. Ses sautes d’humeur, ses colères, ses joies débordantes et ses déprimes soudaines n’ont en effet rien à voir avec son caractère, mais des troubles bipolaires dont elle souffre. Pierre, aime profondément sa mère, mais a pris ses distances avec elle afin de se protéger et de vivre sa vie. Et Judith a conscience, bien plus qu’il n’y paraît, du poids qu’elle représente pour ses proches. Elle et lui ont beaucoup de choses à vivre et à se dire lors de ce petit voyage impromptu.

Le scénariste et réalisateur Julien Carpentier signe, avec ce premier long métrage, l’exemple parfait de la comédie dramatique. Une situation touchante, parfois éprouvante, mais jamais trop, car efficacement contrebalancée par la tendresse et l’humour. Avant tout, et ce n’est pas toujours le cas dans le domaine de la comédie à la française, le film est parfaitement sincère, n’insiste trop lourdement ni dans la légèreté ni dans le tire-larmes. Chaque scène est crédible et délicate, avec des ressentis et des rapports humains judicieusement dessinés. Le film peut de plus s’appuyer sur d’excellents interprètes, dont les deux principaux. William Lebghil est parfait dans le rôle du fils introverti, parfois démuni, mais qui ne lâche pas la rampe. Quant à Agnès Jaoui, que l’on éprouve toujours du plaisir à voir, elle est aussi excellente; surtout, et paradoxalement, dans la majorité des scènes où elle fait dans la sobriété. Les moments dans lesquels elle se lâche sont plus caricaturaux et moins forts, mais ils sont rares heureusement. En outre, le cinéaste n’a pas peur, en ces temps où le montage se doit d’être rapide, d’étirer ses scènes, d’y inclure les regards et les silences, apportant beaucoup de poids à ce qu’il raconte. Notamment dans une scène qui se déroule dans un bar à karaoké, un moment qui semblait au début explicatif et peu utile, mais se révélant finalement être un véritable tournant. Drôle et juste, la fin du film fait mouche.

Happiness Therapy, Shutter Island, Dans la cour et j’en passe. Les films traitant de la bipolarité sont nombreux. Celui-ci s’ajoute à la liste en y apportant une touche romantique. Peut-être manque-t-il à La Vie de ma mère l’idée de génie, le moment jamais vu, le concept novateur, qui lui aurait permis de rester très durablement dans la mémoire des spectateurs. Il n’en demeure pas moins une fort jolie réussite.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Noémie Baume 14
Philippe Thonney 15