Le Vent qui siffle dans les grues

Affiche Le Vent qui siffle dans les grues
Réalisé par Jeanne Waltz
Pays de production Portugal, Suisse
Année 2023
Durée
Genre Fiction
Distributeur Outside the Box
Acteurs Rita Cabaço, Milton Lopes, Beatriz Batarda, Carla Maciel, Ana Zanatti
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 917

Critique

Milene (Rita Cabaço) navigue entre deux mondes. Celui d’une «bonne» famille propriétaire d’une usine et la vie simple et animée d’une maisonnée cap-verdienne. À la mort de sa grand-mère, sa protectrice, elle cherche à tracer son propre chemin entre ces deux mondes.

Adaptée du roman éponyme de l’autrice portugaise Lidia Jorge, cette fiction met en scène une jeune femme forte qui cherche à trouver sa place dans une Algarve des années 1990, marquée par une économie visiblement chaotique.

Ce qui constitue tout à la fois le point de contact et une forme de barrière entre les deux familles de Milene, c’est une fabrique de conserves, dont elle aurait dû initialement hériter; si cette dernière n’avait pas été léguée aux ouvriers, parmi lesquels elle vit désormais. C’est au mépris des conventions sociales de son milieu d’origine qu’elle va trouver refuge chez celles et ceux pour qui la précarité rime avec une forme de solidarité organique. Elle s’y sent accueillie, et entourée, au grand désarroi de ses frères et sœurs qui n’hésitent pas à tenter de la dissuader d’être l’instigatrice de son propre déclassement.

Tout se complique encore lorsqu’elle tombe amoureuse d'Antonino (Milton Lopes), un grutier. Alors que les corps se rapprochent lentement, et que les regards se font plus intenses. Le fossé qui les sépare prend une dimension bien réelle, mais pas insurmontable, dans cette intimité partagée qu’ils se construisent au fil de leurs rendez-vous. Des amants qui se choisissent malgré leurs différences. Ils devront d’ailleurs faire preuve de courage pour affronter la famille de Milene, dont la froideur bienséante se mue alors subitement en un violent mouvement de rejet sur fond de préjugés racistes.

Un portrait sensible d’un personnage résolument tourné vers un avenir qu’elle cherche à tâtons, et à l’inventer, en dépit de sa fragilité et du deuil. Un récit qui prend son temps et laisse les spectatrices et spectateurs s’imprégner d’ambiances, y compris musicales. Des atmosphères qui ne vont pas sans rappeler le travail d’un autre réalisateur helvétique, dont l’œuvre tout entière, proche du réel, s’ancre au Portugal parmi les communautés cap-verdiennes: Basil Da Cunha. Jeanne Waltz nous livre une sorte de fable qui nous donne parfois l’impression d’errer avec Milene, à mi-chemin entre ses désirs et les frontières invisibles, qu’elle franchit avec courage et détermination.

Noémie Baume


Noémie Baume

Appréciations

Nom Notes
Marvin Ancian 14
Noémie Baume 14