Madame Web

Affiche Madame Web
Réalisé par S.J. Clarkson
Pays de production États-Unis
Année 2023
Durée
Musique Johan Söderqvist
Genre Super-héros, Action
Distributeur Sony Pictures
Acteurs Tahar Rahim, Dakota Johnson, Celeste O’Connor, Sydney Sweeney, Isabela Merced
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 917

Critique

Cassandra Web est une ambulancière de Manhattan qui développe des dons de voyance à la suite d’une piqûre d’araignée. Vous l’avez compris, il s’agit d’un énième film de super-héroïnes, provenant du Sony’s Spider-Man Universe. Qu’espérer de ce «stand-alone» proposé par Sony en collaboration avec Marvel?

Dakota Johnson, la tête d’affiche du blockbuster, présente le film aux spectateurs et aux spectatrices de Saturday Night Live comme si une «IA avait généré le film parfait de votre petit ami». Pas de réalisatrice mentionnée, ni les mains qui ont construit les décors, encore moins le compositeur. Une réduction des métiers du cinéma à sa virtualisation numérique. Étrange pour un film qui, d’après sa réalisatrice, aurait tourné la majorité de ses plans en décors «réels». Clarkson précise que l’équipe a désiré filmer graduellement la métamorphose de sa super-héroïne. Et ce choix est visible esthétiquement: rythme évolutif du film et de son héroïne, avec des temps de respiration notables entre les plans (coucou le Marvel Cinematic Universe), des courts plans-séquences, des mouvements panoramiques et significatifs de la caméra (la scène du pont). Le résultat présente également quelques intérêts narratifs avec, en particulier, la construction des relations de sororité entre les protagonistes principales, rare dans les films à gros budgets.

Malgré ces quelques points qui pourraient attiser un certain intérêt, le film présente une structure narrative très répétitive: le sauvetage des trois filles avec le taxi volé de Cassandra Web se déroule à trois reprises! De plus, le don de voyance est très peu montré, ce qui aurait pu prendre sens à quelques moments-clés du film. Il aurait aidé le public à comprendre que lorsque ce pouvoir est activé, des éléments narratifs futurs du film interviennent. Du côté de l’élaboration des protagonistes, la psychologie des trois adolescentes et celle du «bad boy» est tristement simpliste et grotesque: représenté avec un profil caricatural, le méchant (vraiment méchant) sans «super pouvoir» désire détruire ces trois filles… génial.

En outre, le film ne se cache pas d’être un produit issu de l’univers plus large de Spider-Man. Que ce soit à coup de références (objets, lieux géographiques) ou avec les «flashforwards» esthétiquement lamentables qui présentent le futur des trois jeunes héroïnes sous la protection de Madame Web. Le public l’aura compris rapidement: le film ne reste qu’un produit dans un univers qui le dépasse, et ne se suffit donc pas à lui-même. Qu’on se rassure, à la vue de la faible attente du studio concernant sa performance commerciale (25 millions de dollars pour le premier week-end domestique), il ne devrait pas avoir de suite à cette histoire.

Accompagnée par une absence promotionnelle notable et réduite à un produit numérique par son actrice principale, Madame Web propose certains atouts esthétiques et narratifs réjouissants, bien qu’empâtés. Sa structure répétitive et molle, est motivée in fine, par une logique commerciale qui ne désire qu’étendre la toile du succès colossal de Spider-Man: No Way Home au box-office mondial.


Julien Norberg

Appréciations

Nom Notes
Julien Norberg 9