Adios Buenos Aires

Affiche Adios Buenos Aires
Réalisé par German Kral
Pays de production Argentine, Allemagne
Année 2023
Durée
Musique Gerd Baumann
Genre Comédie dramatique
Distributeur Xenix
Acteurs Rafael Spregelburd, Diego Cremonesi, Marina Bellati, Mario Alarcón
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 917

Critique

S’il se veut social et politique, Adios Buenos Aires échoue à rendre tangible la crise économique vécue par l’Argentine au début de ce siècle.

Beaucoup de gens furent choqués lorsque l’actuel président d’extrême droite Javier Milei fut élu en Argentine le 10 décembre dernier. Ce choix, s’il provoquait une légitime indignation, sanctionnait des périodes de grandes turbulences économiques et sociales pour le pays, avec notamment une inflation gigantesque. Le film Adios Buenos Aires avait l’occasion de rendre compte de la généalogie de ces maux, en prenant pour terreau narratif la crise survenue entre 1998 et 2002, laquelle a donné lieu à des émeutes urbaines et dont les conséquences se sont prolongées jusqu’à aujourd’hui. L’essai n’est malheureusement pas transformé, car le cinéaste German Kral commet l’un des pires écueils pour un film qui brasse une matière politique: réduire son arène à celle d’un banal portrait psychologique.

L’angle du métrage est a priori plutôt intelligent: épouser le point de vue d’un petit groupe de tango et plus particulièrement de son bandonéoniste Julio (Diego Cremonesi). Cependant, là où ce dernier aurait pu être un personnage relais entre le spectateur et le monde, il fait ici écran à notre regard, le parasitant de ses inintéressants problèmes et dilemmes sentimentalo-moraux. Julio veut déménager à Berlin et quitter ce «pays de merde» (il parle de l’Argentine en ces termes), mais tombe dans le même temps amoureux d’une chauffeuse de taxi précaire, qui lui donne une raison de rester. La romance dessert ici complétement la captation de la situation politique; elle engraisse le film d’une couche de sentimentalité pompeuse, servi par des acteurs peu convaincants, et enrobé d’une musique paraphrastique.

Du point de vue visuel, on est sur du champ-contrechamp académique dans les scènes de dialogue, et dont la lumière tamisée jaunâtre plante le clou du kitsch. Cette forme télévisuelle ne manque pas de provoquer un profond ennui chez le spectateur et vient dissoudre les velléités politiques du film qui n’auront finalement existé que de manière superficielle, comme un décorum.

Tobias Sarrasin

Appréciations

Nom Notes
Tobias Sarrasin 7