Rivière

Affiche Rivière
Réalisé par Hugues Hariche
Pays de production Suisse, France
Année 2023
Durée
Musique Nicolas Rabaeus
Genre Drame, Fiction
Distributeur Outside the Box
Acteurs Camille Rutherford, Sarah Bramms, Flavie Delangle, Claude Fugère, Faustine Mathieu
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 917

Critique

Manon est en fuite et à la recherche de son père absent. Une fugue qui se transforme en une découverte d’elle-même. C'est dans l’hiver glacial du Jura français, où le temps s’est arrêté, qu’elle va trouver l’amour et une véritable bande de copains. Un temps «des premiers fois» empli à la fois de délicatesse et de puissance.

Hugues Hariche, réalisateur franco-suisse résidant aux États-Unis, signe avec ce premier long métrage un récit initiatique bien écrit, à l’esthétique maîtrisée et consistante. Sélectionné dans la section «Concorso cineaste di presenti» à Locarno l’été dernier, son film a également été présenté lors des dernières Journées de Soleure, où il a semblé réjouir un public suisse alémanique venu en nombre, malgré une projection matinale.

Manon est un peu perdue, en rupture avec sa mère qui vit dans les Grisons. Fuyant les agitations d’une histoire familiale compliquée, elle débarque seule à Belfort. Débrouillarde et allant à la rencontre des habitants, elle trouve rapidement la trace de celui qu’elle cherche. En attendant le retour de son père, parti en voyage d’affaires, elle s’installe chez sa belle-mère et son jeune demi-frère.

La prometteuse Flavie Delangle campe avec brio une adolescente en colère contre ceux qui la délaisse, mais aussi contre un système implacable avec ceux qui ne rentrent pas dans les normes. À plusieurs reprises, le réalisateur la met en scène, impulsive, hurlante, bousculant et allant jusqu’à frapper ceux qui ont le malheur de se trouver sur son chemin. Il brosse un portrait d’une «bad girl» qui se rêve hockeyeuse professionnelle au Canada. Une figure loin des représentations dominantes d’adolescentes, un peu niaises qui attendent sagement le prince charmant dans un univers rose bonbon.

Pourtant, c’est justement dans un univers de glace, celui de la patinoire, qu’évolue Manon et ses amis au quotidien. Un univers froid et symétrique, avec des entraînements intenses qui rythment la vie de l’équipe de hockey et celle des patineuses. L’entraîneur québécois, qui encadre l’équipe de hockey à laquelle Manon se joint, n’en attend pas moins de ses gars. Alors qu’il encourage ouvertement Manon à poursuivre son parcours de sportive, il se montre dur et cassant à son égard face au groupe. Et c’est ainsi qu’elle se retrouve seule à assumer le fait de transgresser la frontière genrée, tacite et évidente pour les autres usagers de la patinoire. Celle qui sépare les costumes à paillettes pour les filles qui s’adonnent au patinage artistique et les casques grillagés des hockeyeurs juniors.

Ce qui fait la force de ce film c’est la finesse et la justesse de ce qui régit les rapports entre les personnages, en particulier entre Manon et celle qui deviendra son amoureuse (Sarah Bramms). Mais aussi la manière dont les spectateurs sont amenés à ressentir ce que Manon traverse. Une façon habile de représenter l’adolescence au-delà des représentations genrées dominantes et de bien mettre en scène la façon dont le personnage principal se lie progressivement avec les autres protagonistes dans ce nouveau territoire. Il en ressort, et malgré quelques longueurs, que le film est très touchant. Un joli portrait en clair-obscur d’une jeune femme forte et déterminée qui peut surtout compter sur elle-même pour trouver son chemin, même à contre-courant, et traverser les flots de doutes auxquels elle fait face courageusement.


Noémie Baume

Appréciations

Nom Notes
Noémie Baume 16
Marvin Ancian 13