Un hiver à Yanji

Affiche Un hiver à Yanji
Réalisé par Anthony Chen
Titre original RAND DONG / THE BREAKING ICE
Pays de production Chine
Année 2023
Durée
Genre Drame
Distributeur trigon-film
Acteurs Liu Haoran, Zhou Dongyu, Qu Chuxiao
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 916

Critique

Dans le sud-ouest de la Chine, trois jeunes adultes se rencontrent et tentent, à l’image des paysages confondus sous la neige, de dissimuler, provisoirement, leur passé sous un présent permanent.

Pour assister à un mariage, Haofeng (Liu Haoran) se rend, depuis Shanghai, à Yanji. Il se révèle pourtant incapable de participer à l’euphorie générale et se mure dans un triste silence; duquel il en sortira grâce à Nana (Zhou Dongyu), guide touristique aux rêves de patinage artistique brisés, et à son ami Xiao (Qu Chuxiao), qui n’a jamais eu le courage de quitter son métier de cuisinier pour partir à l’aventure.

     Ce trio amoureux, nouvellement formé, saisira, le temps des vacances, à chercher à se définir, en acceptant petit à petit de se confronter, en partie du moins, au passé et aux craintes qui se sont cristallisées. Cette évolution s’exprimera formellement par des plans d’abord serrés et étouffants sur les personnages, et qui s’alterneront ensuite avec des plans d’ensemble de paysages enneigés, lors d’une escapade au mont Changbai par exemple.

     Le réalisateur, Anthony Chen (qui en 2013 avait remporté avec Ilo Ilo la Caméra d’or au Festival de Cannes), dit avoir eu l’idée de ce film après une crise existentielle durant la pandémie. Cette dernière sert également de toile de fond au récit, comme cause déterminante des difficultés financières rencontrées par Xiao et Nana - Haofeng lui, en tant que banquier, n’a pas de problème d’argent. Néanmoins, cette différence de statut socio-économique entre les protagonistes, sur laquelle le récit insiste initialement et dont on imagine d’abord qu’elle sous-tend l’intérêt de Xiao pour Haofeng, sera vite gommée. En fait, elle le sera dès que ce dernier aura perdu son moyen de paiement - comme si, sans un pouvoir d’achat effectif, le capital économique cessait de distinguer les individus.

     Le cinéaste affirme n’avoir jamais tourné un film aussi rapidement. Ceci n’apparaît ni à l’image, soignée et soulignant délicatement le caractère éphémère de la rencontre (par un rideau de douche entre Haofeng et Nana notamment), ni dans le jeu des comédiens dont la vie intérieure se traduit par des gestes timides et des pleurs discrets. Pourtant, dans la fabrication du récit, certains moments sont inaboutis, non seulement sur la question économique mais aussi politique. Les protagonistes longent la frontière, lors d’une sortie, entre la Chine et la Corée du Nord sans que cela soit signifiant ou conventionnel, et les moments de danse en boîte de nuit expriment le désœuvrement. Ainsi Un hiver à Yanji, sélectionné l’année dernière au Festival de Cannes dans la catégorie Un certain regard, fait écho, par sa thématique et la dynamique entre les personnages, au film sud-coréen de Lee Chang-dong, Burning (2018), sans toutefois parvenir à la puissance visuelle et poétique de celui-ci.

Sabrina Schwob

Appréciations

Nom Notes
Sabrina Schwob 14
Geneviève Praplan 15
Noémie Baume 14
Pierig Leray 15