La Salle des profs

Un collège sert de microcosme pour interroger les rapports de force qui se créent entre différents personnages dans une situation où il est difficile de démêler le vrai du faux, le juste de l’injuste. Un huis clos d’une tension remarquable!

Carla Nowak (Leonie Benesch) est enseignante dans un collège où ont lieu plusieurs vols. Dans un premier temps, le film montre les divers moyens de pression mis en place par les profs dans le but de découvrir le coupable parmi les élèves: fouille des sacs, interrogatoires les encourageant à dénoncer leurs camarades, etc. Entre abus de pouvoir et préjugés, cette partie du film révèle les comportements pernicieux des maîtres et maîtresses dans ce collège qui suit une politique de «tolérance zéro» - mais où les adultes semblent bien plus pervertis que les élèves. 

     Lorsqu’un nouveau vol se produit dans la salle des maîtres (dans laquelle les élèves ne peuvent se rendre), les soupçons se tournent vers les profs. Dans ce climat extrêmement tendu, Carla Nowak, décidée à résoudre l’affaire, s’absente en laissant volontairement la webcam de son ordinateur allumée. À son retour, l’argent qui se trouvait dans la veste posée derrière son bureau a disparu. La vidéo prise par sa webcam laisse voir un bout de chemisier qui lui permet d’identifier la voleuse comme étant la secrétaire du collège - qui est par ailleurs la mère de l’un des élèves, Oskar (Leo Stettnisch). Tandis que Carla Nowak souhaite régler l’affaire à l’amiable, la secrétaire nie les faits; l’enseignante décide alors de montrer la vidéo à la directrice. À la suite de cette accusation, la secrétaire, indignée, ne vient plus au collège. Oskar, convaincu de l’innocence de sa mère, reproche à Carla Nowak d’avoir détruit la vie de celle-ci en la déclarant coupable injustement. Un acte qui aura des répercussions incontrôlables pour Carla Nowak: tout le monde se retourne contre elle. Il est vrai qu’elle n’est pas tout à fait irréprochable, sa seule preuve ayant été obtenue d’une façon moralement discutable… Carla Nowak cherche tant bien que mal à sortir de cette spirale dans une atmosphère de plus en plus pesante.

     La tension monte crescendo tout au long du film. Différents éléments contribuent à créer ce malaise grandissant, notamment le format 4/3, la bande originale dissonante et l’interprétation de Leonie Benesch - qui exprime à merveille l’angoisse ressentie du personnage.