La Couleur pourpre

Affiche La Couleur pourpre
Réalisé par Blitz Bazawule
Titre original THE COLOR PURPLE
Pays de production États-Unis
Année 2023
Durée
Musique Kris Bowers, Brenda Russel, Allee Willis, Siedah Garrett, Stephen Bray
Genre Drame, Comédie musicale
Distributeur Warner Bros.
Acteurs Taraji P. Henson, Colman Domingo, Fantasia Barrino, Danielle Brooks
Age légal 12 ans
Age suggéré 15 ans
N° cinéfeuilles 915

Critique

Il y a des réveils plus difficiles que d’autres, et découvrir le remake d’une comédie musicale américaine aseptisée en fait clairement partie. Hormis quelques fabuleuses exceptions (Jacques Demy, la déjà culte Annette ou encore Anna de Koralnik), le genre me donne le prurit. C’est dire le défi qui s’annonce devant ce gospel théâtralisé, joué comme des pieds et à l’esthétique doucereux.

Adaptation du roman d’Alice Walker (prix Pulitzer en 1982), La Couleur pourpre est le remake du fameux film de Spielberg de 1985 qui lancera définitivement sa carrière de dynamiteur des box-offices. La réelle question qui traverse tout le film est: quel intérêt d’un tel remake? Si ce n’est celui d’engranger du dollar facile avec une production aseptisée, stéréotype idoine d’un pur produit marketing. On n’y trouve ni point de vue novateur ni réelles idées mises en scène, un simple contreplaqué suranné en quête de l’Oscar musical pour renflouer les caisses de la Warner. Sincèrement, il n’y a rien à en tirer de plus.

D’autant plus qu’il n’est pas évident de s’imprégner de cet univers colonial qui romantise de manière déconcertante l’esclavagisme (on pense à cette scène de danse sur des rails de train lors d’un travail forcé), fait du monstre un père de famille afro-américaine et passe sous silence la maltraitance blanche. Nous sommes pourtant en 1909, une vingtaine d’années après l’abolition de l’esclavage, et sur une terre tristement connue pour la traite des Noirs (en Géorgie). Mais non, nulle mention frontale de ce terrible passé, l’ennemi vient de l’intérieur, et de la famille. Un père qui va abuser de sa propre fille, et vendre sa progéniture issue de son inceste aux plus offrants. Et l’obliger ensuite à sa marier à un homme peu recommandable, à la dénomination hégémonique de «Monsieur», «un sale type» qui va embarquer Celie dans sa vétuste maison pour en faire sa «Cendrillon». Le cauchemar continue donc, la pauvre fille se retrouvant cette fois-ci aux mains d’un nouveau tyran, violentée et violée par son mari, et ne pouvant que rêver de sa mère disparue pour échapper à cette sordide situation. Face à la violence, une seule éclaircie, la sororité familiale entre les deux sœurs, Celie et Nettie, séparées, mais qui rêvent de se retrouver.

La musique de Quincy Jones sauve quelque peu le naufrage, mais le casting sans saveur fait bien pâle figure face au Danny Glover et Whoopi Goldberg de 1985. L’ennui est donc profond, tout a un goût de plastique, comme un fade plat réchauffé dans cette série de scènes mal jouées qui se succèdent sans jamais s’imbriquer. Il y a bien cette histoire d’émancipation féminine grâce à la pétillante Shug Avery qui vient libérer Celie de son rôle d’épouse soumise, afin de lui offrir la voie de la liberté et la rupture du carcan patriarcal, ainsi que l’acceptation d’un nouveau possible: celui de ses propres désirs d’un futur radieux de danse et de chansons. Il y a aussi cette belle idée du retour à la terre originelle et ces retrouvailles sur la terre des ancêtres, pour ne jamais oublier ses racines. Mais là encore, tout semble factice, forcé, comme un vent d’usurpation contemporaine face à une honnêteté intellectuelle bien plus louable chez Spielberg. Si d’aventure un tel cinéma démodé vous passionne, ou qu’un amour démesuré pour Whoopi Goldberg resurgit, il n’y a qu’un conseil à prendre, revivre le film de 1985 et délaisser cette Pasta box que même votre micro-onde refuserait de réchauffer.

Pierig Leray

Appréciations

Nom Notes
Pierig Leray 6