Le Voyage à Eilat

Affiche Le Voyage à Eilat
Réalisé par Yona Rozenkier
Pays de production Suisse, Israël
Année 2022
Durée
Musique Israel Birght
Genre Drame, Comédie dramatique
Distributeur Adok Films
Acteurs Samuel Vilozny, Yoel Rozenkier, Aviva Nagosa, Dover Koshashvili
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 915

Critique

Deuxième long métrage du cinéaste suisso-israélien Yona Rozenkier, Le Voyage à Eilat est une énième fable peu convaincante sur un choc de générations.

Étant sur le papier un «road movie», Le Voyage à Eilat offre paradoxalement peu de plans larges sur le territoire israélien, et choisit au contraire de se recentrer sur ses personnages. La dimension politique de ce genre cinématographique, lequel est souvent l’occasion d’une réflexion sur le territoire, est donc totalement remplacée par une fable psychologique. En effet, le pari que fait Albert (Samuel Vilozny), traverser en moins d’une semaine le pays du nord au sud avec un tracteur (qui valait initialement pour son pur potentiel loufoque), s’avère en réalité un prétexte à un récit de rédemption et de réconciliation. Rédemption, car ce vieil homme cacochyme, proche de la mort, exorcisera certains démons, manques et regrets qui ont émaillé sa vie. Réconciliation, car il est accompagné dans son voyage par son fils Ben (Yoel Rozenkier), avec lequel il ne s’entend initialement pas avant que leur compagnonnage, le temps d’un film, ne restaure le lien filial.

Nous le voyons bien, il y a pour ainsi dire peu de surprises sur le plan narratif, et ce récit conventionnel est condamné à délivrer des instants vus et revus. Nous aurons droit à plusieurs «séquences émotion»: nous pensons notamment à une scène dans laquelle le tracteur n’a plus d’essence et les deux hommes se disent «leurs quatre vérités». Nos yeux restent secs, car une émotion si surlignée se trouve tout de suite pulvérisée. C’est le cas également au niveau du potentiel comique du film: le burlesque est totalement tué dans l’œuf par ces bons sentiments. En bref, le film n’est pas assez «méchant» et se situe en ce sens à l’antipode du cinéma d’un Ruben Östlund.

Nous noterons tout de même certains choix de cadrages intéressants, par exemple quelques plans larges (trop rares!) qui mettent à contribution le regard du spectateur, puisque de nombreuses choses s’y déroulent en même temps. Cela a lieu notamment dans la première scène, l’une des plus intéressantes du film. Elle est surtout la seule qui ose véritablement troubler le spectateur et le sortir de certaines balises du cinéma contemporain.


Tobias Sarrasin

Appréciations

Nom Notes
Tobias Sarrasin 8
Sabrina Schwob 15