Un coup de dés

Affiche Un coup de dés
Réalisé par Yvan Attal
Pays de production France
Année 2023
Durée
Musique Dan Lévy
Genre Thriller
Distributeur Pathé Films
Acteurs Yvan Attal, Guillaume Canet, Marie-Josée Croze, Maïwenn
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 914

Critique

Avec Un coup de dés, Yvan Attal, jusqu’alors cinéaste pontifiant et moralisateur, révèle à nu sa deuxième nature de copieur d’un certain cinéma américain.

C’est peu dire que celui qui avait commis Les Choses humaines (2021), film post #MeToo fumeux qui mettait à égalité les paroles de la victime et du coupable d’un viol, Le Brio (2017), film centriste qui avait pour pulsion d’assimiler l’individu issu de l’immigration postcoloniale à la fable républicaine, et qui a récemment défendu publiquement Gérard Depardieu, c’est peu dire donc que cet homme nous était politiquement pénible. Un coup de dés a à ce titre le mérite d’être vide, de ne pas trop donner dans le registre sentencieux qui caractérisait les précédents métrages d’Attal. Le scénario est un amoncellement de clichés maintes fois vus, croisement entre un récit de polar et une histoire d’adultère: la maîtresse de Vincent (Guillaume Canet) est accidentellement tuée par Mathieu son meilleur ami (Yvan Attal), et Delphine, sa femme, se retrouve dès lors accusée. Ironie du destin: des années avant ce fait divers, Vincent avait sauvé la vie de Mathieu, ce qui confère à ce dernier une sorte de dette morale. La réflexion «mallarméenne» sur le hasard et la nécessité est donc un prétexte à une glose sur la culpabilité, qui a ici tout de la mauvaise étude psychologique, ponctuée par des dialogues à la guimauve et des jeux d’acteurs cabotins.

Tout ceci donne une œuvre sclérosée, qui reconduit scolairement des codes issus du cinéma américain. Le film lorgne du côté de David Fincher, qui avait déjà produit un grand film sur la culpabilité et le couple avec Gone Girl. Attal reprend la colorimétrie vert/grisâtre (quel est cet automatisme d’imaginer toujours le polar avec des couleurs désaturées?) typique de Fincher, mais qui coure en réalité depuis William Friedkin. On trouve également une utilisation de plans d’ensemble et de plans zénithaux plutôt bien cadrés et non dénués d’un certain charme plastique, mais qui dénotent encore une fois une révérence au polar d’outre-Atlantique. En bref, il semble qu’il ne faut plus voir dans le cinéma d’Yvan Attal autre chose qu’un exercice de pastiche.


Tobias Sarrasin

Appréciations

Nom Notes
Tobias Sarrasin 7