Réalisé par | Kristoffer Borgli |
Pays de production | États-Unis |
Année | 2023 |
Durée | |
Musique | Owen Pallett |
Genre | Fantastique, Comédie dramatique |
Distributeur | Frenetic |
Acteurs | Nicolas Cage, Tim Meadows, Dylan Baker, Michael Cera, Julianne Nicholson, Lily Bird, Dylan Gelula, Kate Berlant |
Age légal | 16 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 914 |
Une histoire de minable, désemparé et maladroit, pas très ancré dans la réalité, dont la perspective n’est pas fondamentalement, structurellement osera-t-on dire, remise en question. En résumé: une photographie très belle, un imaginaire riche, mais un point de vue politiquement irritant.
Paul Matthews (Nicolas Cage), un professeur de biologie jusqu’alors inconnu, commence à apparaître dans les songes des rêveurs à travers le monde. Cette intrigue peut de prime abord intéresser, qui par sa composante fantastique, qui par une photographie parfaitement maîtrisée par le jeune Benjamin Loeb (Sick Of Myself, After Yang…) - qui saura composer un sentiment troublant, en mêlant des lumières chaudes à un grain presque «trop» prononcé. Le propos est cependant déjà la prémisse d’un univers visuel et thématique stéréotypé, celui du studio A24. Studio jeune, mais qui a déjà imposé son style. Nous citerons spécifiquement Ari Aster (Beau Is Afraid, Midsommar…), réalisateur fétiche de l’entreprise new-yorkaise et coproducteur de Dream Scenario (il codirige avec Kristoffer Borgli l’entreprise Square Peg). À la différence des films d’Ari Aster, qui se concentrent sur le traumatisme familial, Dream Scenario s’intéresse à un phénomène en apparence de société: la cancel culture (culture de l’annulation). Ce phénomène désigne l’ostracisation d’individus problématiques, sorte de justice sociale, à défaut d’une justice suffisamment efficace. Or est-il vraiment présenté autrement que d’un point de vue individuel? Revenons-en à l’histoire: si dans un premier temps, la célébrité improbable de Paul Matthews lui apparaît comme une justice face à l’absence de reconnaissance académique, ce renversement de statut se retourne contre lui, dans la mesure où ses apparitions oniriques incontrôlées deviennent de plus en plus étranges, au point d’attirer la méfiance, puis la haine de la population. Les personnes qui rêvent de lui sont représentées comme une masse presque informe, dont n’émergent que quelques individus, comme sa fille ou encore une des associées de l’agence de communication qui
propose de le représenter. Par contre, le héros, lui, nous est présenté de façon nuancée, avec ses défauts. Ce personnage nous est rendu artificiellement, un peu grossièrement «relatable» - terme anglais qui désigne quelque chose à laquelle nous pouvons nous identifier. Ce «quelque chose», ici, c’est l’angoisse de l’individu face aux changements d’une société «de masse» effrénée. Mais cela reste grossier justement parce que le réalisateur écarte toute question politique plus fine sur les structures sociales qui régissent les rapports entre individus. Difficile de voir alors autre chose qu’un discours réactionnaire («c’était mieux avant»), caché cyniquement derrière l’aveu d’un dépassement.
Et quel comble, puisque l’équipe du film est jeune! Dommage donc d’assister à un discours vieillot et finalement sans grande prise de risque vu la répétitivité des sujets d’A24, que ce soit dans le fond et la forme. Nous retrouvons ce constat jusque dans les discours entourant la réception de leurs films, qualifiés régulièrement par des formules comme smart horror (horreur intelligente), méprisant au passage l’horreur soi-disant pas «smart», d’un John Carpenter ou d’un George A. Romero, et tous leurs réseaux d’allégories et de métaphores implicites.
Ani Gabrielyan
Nom | Notes |
---|---|
Ani Gabrielyan | 7 |
Marvin Ancian | 12 |
Blaise Petitpierre | 13 |