Chasse gardée

Lassés de leurs vies parisiennes étriquées, Simon, Adélaïde et leurs deux enfants quittent la capitale pour une propriété à l’orée d’un bois provinciale. Seulement, la vie au village ne se passe pas comme prévu.

Exaspérés par tout, leur appartement trop petit, leurs voisins trop bruyants et le rythme effréné de Paris, Adélaïde, architecte de formation, déniche une annonce immobilière qui la fait rêver. Un soir, elle fait part de sa découverte à son compagnon Simon (Hakim Jemili): une superbe propriété dans un village calme et paisible, à un prix défiant toute concurrence. La famille s’empresse de contacter l’agente (Chantal Ladesou) qui leur fait un tour sommaire de la propriété en mentionnant brièvement la notion de servitude. Ce concept désigne le droit de libre passage des usagers dans le bois bordant le terrain, faisant partie du bien. Par une belle journée de printemps, la famille est conquise. Quelques plans plus tard, la propriété est rénovée façon bobo chic bucolique. Et le couple ne tarde pas à découvrir un voisinage bienveillant, composé de Bernard (Didier Bourdon) sexagénaire à la verve sympathique et Michel (Jean-François Cayrey), éleveur de poules de qualité. Le village semble s’accorder à accueillir les nouveaux arrivants, signe que la migration est sur la bonne voie. Arrive la saison de la chasse, où la famille découvre avec stupeur que leur propriété est un point stratégique de la pratique, comprenant miradors, coups de feu intempestifs et autres réjouissances traditionnelles. Un bras de fer s’engage entre les locaux et les deux parents, s’acharnant à interdire la chasse sur leur propriété, en vain.

Un long métrage proche de la blague potache, autorisant tous les stéréotypes dans le sens gras du terme, que cela soit dans la caricature du campagnard débraillé que dans le caractère du citadin «tête de chien arrogant», largement amplifié par un casting d’humoristes rompus au comique de genre et de geste. Aucune méprise n’est possible durant les 1 h 41 de cette comédie franco-française quelque peu malaisante, classable dans la catégorie «divertissement populaire». Pas de surprise donc, le réalisateur Frédéric Forestier est un habitué: sa filmographie comprend entre autres Le Boulet sorti en 2002, Astérix aux Jeux olympiques en 2008 et Les Bodin's en Thaïlande datant de 2021. Une formule qui fonctionne, naviguant sur la tendance post-Covid de l’exode en province, un phénomène toujours d’actualité en Hexagone. On regrettera cependant l’usage de si peu de subtilité, lui préférant une grossièreté exagérée.