Mon ami robot

Affiche Mon ami robot
Réalisé par Pablo Berger
Pays de production Espagne, France
Année 2023
Durée
Musique Alfonso de Vilallonga
Genre Animation, Comédie dramatique
Distributeur Praesens-Film
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 193

Critique

Adapté du roman graphique Robot Dreams de Sara Varon, le cinquième long métrage de Pablo Berger raconte comment un chien qui joue à Frankenstein, «se fait» littéralement un ami. Démontrant ainsi que les androïdes ne rêvent pas de moutons électriques, mais de retrouver ceux qui les ont abandonnés.

New York, dans les années 1980. Dog mange seul devant sa télévision, déprimé, lorsqu’une publicité pour un ami robot lui redonne espoir. Sans attendre un instant, il commande ce kit magique et construit Robot, qui devient vite son meilleur ami. Mais après avoir passé une journée à la plage, les joints de la machine rouillent, ce qui l’empêche de se déplacer. Dog décide alors de rentrer chez lui puis de revenir avec les outils nécessaires pour réparer Robot. Seulement, à son retour, la plage est fermée et le restera jusqu’en juin. Les deux compères vont donc devoir apprendre à vivre l’un sans l’autre.

Entre BoJack Horseman et Zootopie, ce film d’animation présente un monde où les animaux se comportent comme des humains, à la différence près qu’ils ne parlent pas. En effet, onze ans après sa réécriture muette en noir et blanc de Blanche-Neige, Blancanieves, Pablo Berger revient avec une œuvre qui ne contient aucun dialogue. Ce qui laisse la part belle aux expressions des personnages et à leur environnement sonore. Si aucune langue n’est parlée, le cadre n’en est pas moins explicite, puisque l’on reconnaît très bien New York. Le choix de cette mégapole, dont l’immense population assure une proximité physique, mais pas forcément émotionnelle, souligne parfaitement le sentiment de solitude initial de Dog (qui est donc un chien, on l’aura compris). Et le fait de situer le récit dans les années 1980 n’est pas anodin non plus.

Derrière son aspect coloré et son animation presque enfantine, le film aborde la thématique des relations (amicales ou amoureuses, selon comment on décidera d’interpréter l’histoire) sous un prisme émouvant. À l’idéalisme des débuts, succède le traumatisme de la séparation, puis la reconstruction (au sens propre du terme pour Robot) forcée, et qui demande des sacrifices. Montrer les tours jumelles du World Trade Center encore debout, alors que l’on connaît leur sort aujourd’hui, induit par conséquent l’idée que rien de ce que l’on croit invincible ou éternel ne l’est. Et cela vaut également pour les rapports avec autrui. En l’occurrence, l’histoire d’amour amicale entre Robot et Dog n’est pas détruite par des avions, mais par le passage du temps, et l’installation d’une distance entre eux. Si les personnages ne parlent pas, la musique qu’ils écoutent s’exprime à leur place. Ainsi, le morceau «September» de Earth, Wind & Fire et sa question introductive, «Do you remember?» (Est-ce que tu te rappelles?), prend ici une tournure aussi fatidique que sa mélodie est entraînante. Célébration de l’importance d’avoir un lien (aussi éphémère soit-il) avec une personne, mais aussi de la faculté à rebondir en cas de destruction de ce lien. Cette réalisation résonnera dans le cœur de toutes celles et de tous ceux qui ont déjà perdu un être cher, suite à une rupture amoureuse ou à la lente extinction d’une amitié non entretenue.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 17