L’Innocence

Affiche L’Innocence
Réalisé par Hirokazu Kore-eda
Titre original KAIBUTSU
Pays de production Japon
Année 2023
Durée
Musique Ryuichi Sakamoto
Genre Drame
Distributeur Cineworx
Acteurs Sakura Andô, Eita Nagayama, Soya Kurokawa, Hinata Hiiragi
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 913

Critique

Lauréat du Prix du scénario et de la Queer Palm au dernier Festival de Cannes, le nouveau film de Hirokazu Kore-eda lève le voile sur un sujet rarement traité dans la culture japonaise.

Une dispute entre deux élèves éclate dans l’école d’une ville en périphérie. Ce fait divers en apparence anodin prend une dimension inattendue lorsqu’un professeur est accusé d’avoir lui aussi maltraité physiquement l’un des garçons… Le film propose une alternance de points de vue pour reconstituer l’événement dans toute sa complexité. On suit d’abord le personnage de la mère d’un des écoliers, puis celui du professeur accusé, puis celui de Minato, l’un des jeunes protagonistes, ce qui permet au spectateur ou à la spectatrice de recoller petit à petit les pièces du puzzle.

En articulant ainsi les perspectives de différents personnages pour recomposer les faits, avec tout ce qu’ils peuvent comporter de zones d’ombre, voire de contradictions, Kore-eda semble s’inspirer d’un monument du cinéma japonais, Rash?mon d’Akira Kurosawa (1950), dans lequel un crime est présenté successivement en focalisation

interne sur chacun de ses protagonistes. Toutefois, le cinéaste ne se contente pas de rendre hommage à ce classique, il confère à son film une dimension profondément actuelle. En effet, au fil des révélations, on comprend que le récit traite en filigrane d’un véritable tabou dans la société japonaise, celui de l’homosexualité. Car ce sont bel et bien les sentiments amoureux naissants entre deux jeunes garçons qui sont à l’origine de l’affaire qui secoue l’établissement scolaire.

Le film aborde, par ailleurs, avec une grande sensibilité, une relation qui trouve ses racines dans l’imaginaire et la complicité enfantine. Un amour, donc, plein d’innocence et de sincérité, qu’un carcan social pernicieux met en péril. Le cinéaste filme avec douceur les jeux des protagonistes dans la nature. Un espace de liberté, situé en marge de la froideur de la ville et de la violence symbolique du quotidien, mais qui risque sans cesse de se voir contaminé par les contraintes du monde des adultes. L’ensemble est sublimé par une bande originale envoûtante, composée par le regretté Ry?ichi Sakamoto, qui accompagne avec brio un récit à la fois complexe et touchant.

Noé Maggetti

Appréciations

Nom Notes
Noé Maggetti 17
Marvin Ancian 12
Noémie Baume 15
Kevin Pereira 6
Tobias Sarrasin 6
Sabrina Schwob 18