Et la fête continue!

Affiche Et la fête continue!
Réalisé par Robert Guédiguian
Titre original Et la fête continue!
Pays de production France
Année 2023
Durée
Musique Michel Petrossian
Genre Comédie
Distributeur Agora
Acteurs Jean-Pierre Darroussin, Ariane Ascaride, Lola Naymark
Age légal 10 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 912

Critique

Robert Guédiguian revient avec une fresque sociale qui capte l’air du temps à Marseille. S’il se dégage une forte impression de déjà-vu pour les familiers de son œuvre, il est indéniable que son film touche juste et éveille les consciences.

Dès l’ouverture du film sur des images d’archive saisies, après l’effondrement d’un immeuble à Marseille en 2018 - dans lequel huit personnes ont perdu la vie -, il ne fait aucun doute qu’on retrouve le Robert Guédiguian ouvertement sympathisant de la gauche, et complètement dévoué à sa ville: Marseille. La suite ne fait que confirmer qu’on est en terrain connu, tant les thématiques du film ont toujours été au cœur des préoccupations du réalisateur. Dans cette fresque chorale, les personnages gravitent autour de Rosa (Ariane Ascaride), une militante de gauche qui hésite à se présenter aux élections pour la mairie. Ses deux fils ont suivi des études de médecine. Minas (Grégoire Leprince-Ringuet) soigne des migrants tout droit débarqués de Méditerranée, alors que Sarkis (Robinson Stévenin) a laissé de côté sa carrière médicale pour gérer le bar familial «La nouvelle Arménie». Lorsque Sarkis présente sa nouvelle compagne à sa mère, cette dernière va aussi rencontrer le grand amour.

À la lecture du synopsis, on pourrait craindre que ça soit le film de trop pour le réalisateur des calanques, tant ses thématiques font écho à d’autres œuvres de sa filmographie. Questionnement sur l’engagement politique, romance douce-amère, regard révolté sur ses racines arméniennes, gestion catastrophique de la migration sur la Méditerranée et plus généralement sur le bien social au sein de Marseille la radieuse. Le film rappelle également, par l’intermédiaire d’un clin d’œil appuyé (mais qui marche), que le septième art a perdu Godard. Le casting, composé d’habitués fidèles de Guédiguian, renforce cette touche familière. Et pourtant, la recette fonctionne une fois de plus, grâce au talent indéniable des artistes impliqués dans le film, et du fait que l’état du monde nous rappelle qu’on a peut-être plus que jamais besoin des idéaux qui nourrissent le cinéma de Guédiguian. Malgré des ruines aussi littérales que métaphoriques, il y a toujours une lueur. «Il faut affirmer sans cesse que rien n’est fini, que tout commence.» Cet optimisme résilient fait particulièrement du bien dans le contexte actuel, nous invitant à croire en la capacité de l’art et des mots à transformer et éclairer notre réalité. Au milieu de ce combat, Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin offrent une bulle de tendresse aussi touchante qu’élégante.

Blaise Petitpierre

Appréciations

Nom Notes
Blaise Petitpierre 14