Tótem

Affiche Tótem
Réalisé par Lila Avilés
Titre original Tótem
Pays de production Mexique
Année 2023
Durée
Musique Thomas Becka
Genre Drame
Distributeur trigon-film
Acteurs Naíma Sentíes, Montserrat Marañon, Marisol Gasé, Mateo García Elizondo, Iazua Larios
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 912

Critique

Empreint de poésie et de solitude, Tótem relate la journée d’une enfant de 7 ans dans la demeure familiale, et dans laquelle le chaos et la mort se sont invités aux préparatifs d’une fête à venir.

D’après Philippe Descola, la culture totémique considère qu’humains et non-humains sont comparables à la fois par le corps et l’intériorité, car ils possèdent des ancêtres communs. Hormis ce modèle de lien social, de théories de l’identité et de l’altérité, pour les Aborigènes et les Amérindiens, le «totem» désigne également la tribu. Tótem est donc le récit d’une petite fille qui, au sein de sa famille, va trouver dans le mysticisme, un moyen d’accepter la douloureuse maladie en phase terminale de son père.

Dans sa solitude d’enfant et son angoisse de la mort, Sol (Naíma Sentíes), 7 ans, dépose des escargots sur les tableaux du salon, parle aux oiseaux, et observe les plantes du jardin et les fourmis sur les papiers peints. Pour trouver un sens à ce drame et à son chagrin, elle établit un lien invisible et mystérieux qui unit tous les êtres vivants. Déposée plus tôt par sa mère Lucia (Iazua Larios), dans la demeure du patriarche, Sol furète, dans l’espace clos familial, à la recherche du moindre indice annonciateur d’une fin qu’elle sent imminente. Alors que ses tantes, Nuria (Montserrat Marañon) et Alejandra (Marisol Gasé), s’efforcent à cacher illusoirement l’issue fatidique, Tonatiuh (Mateo García Elizondo), le père de Sol, atteint d’un cancer, tente vainement de s’habiller dans l’obscurité de sa chambre. Entre les préparatifs de la fête d’anniversaire de Tona et la souffrance de chacun, le chaos règne dans la maison. Les bruits de cuisine se mêlent aux pleurs et aux cris des enfants, et dans ce tumulte affectif, la précoce maturité de Sol paraît d’autant plus prégnante.

Semblable au cinéma de John Cassavetes et de Jean Rouch, Lila Avilés met à nu l’intime, dans sa vérité la plus authentique, d’une famille mexicaine qui se prépare au deuil. En mobilisant un format 4/3 et une caméra numérique, le cadrage «carré» et la légèreté des mouvements de caméra offrent précisément le point de vue d’une enfant, au cœur de l’intimité familiale. Ainsi, ce dispositif nous entraîne vers une immersion directe dans les états émotionnels de ce clan, conférant au film un caractère à la fois documentaire et fictionnel. Toutefois, et à l’instar de Mommy (2014) de Xavier Dolan, ce format des images particulier symbolise l’enfermement, et dans lequel les personnages de Tótem peinent à élargir leur regard, bouleversés par cette mort annoncée. Il exprime également le confinement des corps dans un lieu restreint, un huis clos, et dont l’agitation désordonnée ne peut que refléter une difficile résignation.

Prix du Jury œcuménique de la dernière Berlinale, le deuxième long métrage de la cinéaste mexicaine confirme une disposition à filmer, sans fard ni masque, les vicissitudes de la vie. Entre réalité et chamanisme, Lila Avilés propose une vision existentielle teintée de mystère et de poésie, où le plus petit détail détient une signification propre et où les esprits cohabitent avec les vivants. Bien que le film traite d’un sujet dramatique, nous regrettons néanmoins une certaine inconsistance dans la tension narrative. Ce qui a pour effet une impression de dilution qui laisse peu de trace.


Kim Figuerola

Appréciations

Nom Notes
Kim Figuerola 15