Viva Varda! d’Arte à la Cinémathèque française

Affiche Viva Varda! d’Arte à la Cinémathèque française
Réalisé par Pierre-Henri Gibert
Titre original Viva Varda! d’Arte à la Cinémathèque française
Pays de production France
Année 2023
Durée
Genre Documentaire,
Acteurs Agnès Varda
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 911

Critique

Agnès Varda est une autrice majeure du cinéma de la seconde partie du 20e siècle. Disparue à 90 ans en 2019, elle laisse une marque indélébile en tant que pionnière de la Nouvelle Vague, mais aussi en tant que femme libre, entreprenante, contestataire, et résolument indépendante. Sa silhouette reconnaissable, et sa coupe de cheveux «au bol» lui confèrent un statut d’icône, mais elle est bien plus que ses tenues parfois extravagantes, et ses formulations choc mâtinées d’humour qui font volontiers slogan.

Pierre-Henri Gibert propose un portrait joyeux et iconoclaste de la trajectoire de cette artiste multifacette - photographe d’abord, puis réalisatrice - pour se plonger plus tard dans des travaux de plasticienne, et dont il dit volontiers qu’au-delà de l’image consensuelle qu’elle a pu véhiculer à la fin de sa vie, elle est avant tout: «Quelqu’un qui n’a jamais demandé l’autorisation».

Le réalisateur a fait le choix de la laisser se raconter par ses proches (famille, amis, gens de cinéma), mais également par les faiseur·euse·s de cinéma pour qui elle constitue une référence et une source d’inspiration, au nombre desquels on compte les très généreuses et lumineuses prises de parole de l’actrice Sandrine Bonnaire et de la réalisatrice Audrey Diwan.

A noter qu’outre ce documentaire, ses longs métrages, L’Une chante, l’autre pas (1977) et Sans toit ni loi (1985), sont aussi accessibles en ce mois de novembre sur le site d’Arte, pour égayer la grisaille automnale. - Voir le site arte.tv/fr/videos/111640-000-A/viva-varda/

La Cinémathèque française, a quant à elle inauguré une exposition qui lui est consacrée, le 11 octobre dernier. Cette dernière retrace son parcours en tant que femme cinéaste toujours en mouvement, prompte aux décalages et aux décadrages. Un regard résolument poétique, malicieux et critique sur un monde où il n’était pas évident de faire des choix marginaux, tant sur le plan personnel qu’artistique, et en tant que femme de sa génération née en 1928. Par-delà sa success story qu’on aurait pu conter, et qui l’a d’ailleurs menée à recevoir des récompenses d’honneur de Locarno aux Oscars, il ne faut pas oublier de mettre en lumière ses projets moins médiatiques, et toutes ses ébauches de scénarios et de films qui ne sont pas advenus, le plus souvent faute de moyens financiers. Traçant ainsi les contours d’une artiste qui aura su marquer le public et l’histoire du cinéma, elle est restée en partie dans l’ombre de certains réalisateur-star de sa génération, notamment Godard.

Regroupant aussi bien des images, des objets et des œuvres de sa propre collection, légués au domaine de l’art contemporain, l’exposition sera visible jusqu’au 28 janvier 2024.

Enfin, pour ceux qui ne sauraient se déplacer dans la capitale française prochainement, le catalogue de l’exposition, qui regroupe douze essais inédits et une filmographie commentée, est d’ores et déjà commandable en ligne. 224 pages et 300 documents qui sauront probablement donner à voir et à réfléchir, tant aux cinéphiles inconditionnels de l’œuvre de de Varda, qu’à ceux plus curieux de la découvrir. - Voir le site cinematheque.fr/exposition.html

Noémie Baume