Little Girl Blue

Affiche Little Girl Blue
Réalisé par Mona Achache
Titre original Little Girl Blue
Pays de production France, Belgique
Année 2023
Durée
Musique Valentin Couineau
Genre Docu-Fiction
Distributeur CityClub
Acteurs Marion Cotillard, Marie Bunel, Marie-Christine Adam, Mona Achache
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 911

Critique

Little Girl Blue est à la fois un docu-fiction (auto)biographique et une enquête archéologique (ou l’archéologie d’une enquête), centré sur un drame familial: le suicide de la mère de la réalisatrice, Carole Achache (interprétée par Marion Cotillard), en 2016.

Issue d’un milieu parisien cultivé et lettré, écrivaine elle-même comme sa propre mère Monique Lange (1926-1996), amie entre autres avec Jean Genet dont il sera beaucoup question, Carole Achache laisse derrière elle une quantité de textes, d’enregistrements audio (à l’occasion, notamment, d’interviews donnés à la parution de son dernier livre Fille de paru en 2011), de vidéos et de multiples photographies, bref un véritable labyrinthe sémiotique morcelé que la caméra de Mona Achache tente - dans son versant documentaire et biographique - de remettre en forme afin, sinon de découvrir une explication à sa disparition, du moins d’en apercevoir les traces pour «réaliser» (à entendre dans son contexte cinématographique mais pas uniquement) ce que put être sa vie. Puis, pour compenser les manques du passé, à commencer par le manque de l’objet - sa mère - elle se met en scène dirigeant, en réalisatrice, Marion Cotillard jouant sa propre mère, grimée avec les lunettes, la perruque, le sac à main, etc. Mais que l’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas seulement d’un cadrage commode mais superficiel, destiné à donner plus de chair (une chair de pantin) à un récit qui risquerait sinon, il faut bien l’admettre, d’adopter des allures d’abstraction textualiste dignes de l’époque structuraliste: Marion Cotillard est une prosopopée qui invente (dimension fictionnelle) ce que Carole Achache n’a pas pu dire, et surtout, permet à Mona Achache de se réconcilier avec sa mère et de lui pardonner. De quoi? On ne vous le dira pas ici, mais il se trouve que les trois femmes (à la fois mères et filles) sont enfermées dans une «Symbolique» intergénérationnelle compliquée, notamment dans le rapport aux hommes (essentiellement tous homosexuels dans cette histoire, sous peine de ne pas avoir de rôle, ou d’être des voix absentes en dépit d’être génétiques).

Bref, le dispositif n’est pas inintéressant quoique hyper-intellectualiste et franchement névrotique. On ne se prononcera pas sur la tragédie familiale, finalement triple avec en son centre un «troumatisme» (Lacan) tout sauf «Imaginaire» que ce film essaie d’exorciser afin de mettre fin à une compulsion de répétition - le Réel. (On vous renvoie ici au titre suscité du livre de la mère de Mona Achache.) Transposition intelligente de l’écrit au filmique donc, mais d’un filmique qui reste envahi de lettres et de symboles, bref qui n’est que le signe «d’un film»: ce qui fait que l’on s’ennuie un peu devant cette clôture du texte dont la raison d’être reste extérieure et privée (un peu comme Marion Cotillard qui joue tellement bien qu’elle se laisse oublier).


Jonas Pont

Appréciations

Nom Notes
Jonas Pont 12