Rien à perdre

Affiche Rien à perdre
Réalisé par Delphine Deloget
Titre original Rien à perdre
Pays de production France
Année 2023
Durée
Musique Nicolas Giraud
Genre Drame
Distributeur Agora
Acteurs Virginie Efira, India Hair, Félix Lefebvre, Alexis Tonetti
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 911

Critique

Présenté dans la section Un certain regard au Festival de Cannes, ce premier long métrage de fiction de Delphine Deloget, réalisatrice s’étant d’abord consacrée au documentaire, illustre avec subtilité la descente aux enfers d’une mère célibataire à qui on a retiré la garde d’un de ses enfants.

Sylvie élève seule ses deux fils, Sofiane et Jean-Jacques. Un soir qu’elle travaille tard (elle est barmaid dans une boîte de nuit punk) et que Jean-Jacques se trouve à une répétition de trompette, Sofiane se blesse en voulant cuisiner des frites. Un accident à première vue anodin, mais qui invite la police, et plus tard l’Aide sociale à l’enfance, dans la vie de notre petit trio. Afin d’éviter de passer à côté d’un cas de maltraitance, Sofiane est placé en foyer, amenant Sylvie à se lancer dans une lutte administrative et judiciaire sans merci.

Pour sa première réalisation fictionnelle, Delphine Deloget expose avec finesse comment une erreur judiciaire peut bouleverser une situation dans laquelle tout n’était certes pas parfait (les zones d’ombre de Sylvie se révèlent au fur et à mesure de l’avancée du récit) mais qui fonctionnait tant bien que mal et impacter le quotidien de ceux qui la subissent, qui se dégrade de manière de plus en plus drastique. Malgré ce postulat ne rayonnant pas la joie de vivre, la grande force du film réside dans sa nuance: il évite l’écueil du mélodrame tout en restant touchant et ne tombe pas non plus dans la critique schématique du système. Il cherche au contraire à exposer le bien-fondé des deux points de vue, celui de Sylvie et celui de l’Aide sociale à l’enfance, présentant tour à tour les torts et les raisons de chacun. On reste cependant majoritairement du côté des personnages principaux, doux marginaux auxquels on s’attache tout de suite. La dynamique entre les protagonistes et le casting, Virginie Efira et Félix Lefebvre en tête, constituent d’ailleurs une autre réussite du film. Les deux interprètes se montrent en effet très convaincants dans la peinture de cette cellule familiale à l’équilibre précaire qui doit apprendre à se ressouder et à adopter un nouveau fonctionnement face à l’absence d’un de ses membres. La réalisatrice de Rien à perdre a déclaré qu’elle souhaitait «qu’on retienne les personnages du film. Qu’on se souvienne d’eux comme ayant existé un jour. En documentaire, les gens que l’on filme existent avant et après nous. En fiction, avant nous et après nous, il y a du vide, du rien. Et forcément j’aimerais qu’il reste une trace d’eux quelque part.»1 C’est réussi.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 16