Polish Prayers

Dans Polish Prayers, la réalisatrice Hanka Nobis suit un groupe de jeunes Polonais catholiques traditionnels. Parmi eux, Antek, dont le point de vue va progressivement être modifié par les aléas de la vie. Une trajectoire incroyable, mais bien réelle.

Des rituels de virilité, des manifestations antihomosexualité, des rencontres éphémères et pleines de frustration avec des filles, tel est le quotidien d’Antek. Ce jeune de 22 ans, sûr de ses idéaux, est destiné à devenir le chef religieux de la Fraternité polonaise, une organisation ultra-conservatrice. Et pourtant, progressivement, ses convictions vacillent…

«J’ai senti qu’il pouvait y avoir quelque chose de plus profond en lui en tant que personne, aussi parce qu’il était simplement plus ouvert.» Tels sont les dires de Hanka Nobis lorsqu’elle a rencontré Antek, alors qu’elle documentait un camp de survie dans les bois de la Fraternité en Ukraine. La réalisatrice s’est immédiatement intéressée à son parcours et a décidé de suivre le jeune homme pendant quatre ans. Autant dire qu’elle a eu le nez creux étant donné qu’Antek se mettra au fur et à mesure à douter de ses fondamentaux, de l’interdiction des relations sexuelles avant le mariage, et jusqu’à l’existence même de Dieu. Du pain béni pour un documentaire en quelque sorte.

Malheureusement, la cinéaste semble quelque peu empruntée à exploiter un matériau si riche. Après avoir dépeint le portrait d’un fervent catholique, le film dévoile un jeune homme à l’apparence et aux convictions radicalement différentes. S’il offre un éclairage sans parti pris sur une jeunesse en perte de repère, le documentaire traite de l’évolution d’Antek de façon expéditive. Celui qui défilait de manière véhémente contre les manifestations LGBTQI, devient, sans explication ni raison détaillée, une tout autre personne qui cache son drapeau arc-en-ciel lors de la venue de sa mère, et qui ne communique pas plus avec son père, pourtant son modèle autrefois. Certes, nous comprenons que son émancipation - intellectuelle, mais aussi sexuelle - se base sur des rencontres. Pourtant il est difficile de croire - sans plus de profondeur que ce qui nous est montré - qu’un changement si abrupt puisse opérer en si peu de temps (les mois sont énumérés, ne laissant aucun doute quant à la durée du processus). En outre, réduire une telle remise en question sur la découverte de la sexualité (et de la drogue, accessoirement) semble simpliste, c’est pourtant ce que sous-entend la réalisation.

Trop vague et trop distant, Polish Prayers rate le coche malgré un thème et un protagoniste fascinants. Du grand film qui transparaît en filigrane derrière son sujet, il demeure un intéressant documentaire qui manque néanmoins de minutie.