CRETTAZ, et comme l’espérance est violente…

Affiche CRETTAZ, et comme l’espérance est violente…
Réalisé par Nasser Bakhti
Titre original CRETTAZ, et comme l’espérance est violente…
Pays de production Suisse
Année 2023
Durée
Musique Nasser Bakhati
Genre Documentaire
Distributeur Troubadour Films
Age légal 8 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 910

Critique

Bernard Crettaz était un sociologue et ethnologue spécialisé dans les rites mortuaires. Le documentaire explore son expérience de vie et l’importance des rituels funéraires. Nasser Bakhti, cinéaste suisse d’origine algérienne, souhaite interroger notre rapport à la mort et aux rituels, particulièrement après la pandémie.

Après Un Ange passé trop vite - un film qui va sortir prochainement et qui aborde le thème du deuil - le cinéaste Nasser Bakhti (d’origine algérienne, il vit en Suisse depuis 1990 et réalise des films depuis plus de trente ans) a terminé le tournage d’un documentaire dans lequel il suit pendant quatre ans (2017-2021) les pas de Bernard Crettaz, créateur des «Cafés mortels» (on le surnomme parfois «Monsieur la Mort»), en l’accompagnant d’une réflexion très large sur l’enfance, l’amour, la vieillesse, la mort, sur l’épidémie du COVID-19 aussi qui a révélé des inégalités invisibles et des solidarités nouvelles dans notre société. Sociologue et ethnologue valaisan (spécialisé dans les rites mortuaires), Bernard Crettaz précise: «C’est triste de le dire ainsi, mais avec cette épidémie, la mort a repris sa place dans nos sociétés; on compte les morts, on pleure nos morts et on en parle partout. Nous sommes devant une épreuve à tous les niveaux».

Décédé en 2022, à l’âge de 84 ans, Bernard Crettaz se destinait à une vie monacale, mais il changera de voie et écrira de nombreux ouvrages. Le réalisateur précise: «Ce documentaire tourne autour de l’expérience de vie de Bernard Crettaz, de ce qu’il a accompli au niveau des rituels funéraires et de leur importance dans nos vies. (…)

Que nous réserve l’après-COVID? Tout le monde spécule, personne ne le sait. (…) J’ai eu à cœur de réaliser un film qui questionne notre rapport à la mort, au temps, aux rituels. À la richesse et à la diversité des attitudes face à la mort. À travers l’expérience et le regard aiguisé du sociologue suisse, fervent défenseur de la libre parole autour de la mort, nous allons rendre compte des remises en question qui nous envahissent quand approche la fin de vie.»

Le film a été tourné en Suisse romande et Bernard Crettaz reste au centre de la démarche du cinéaste qui l’accompagne dans son travail de transmission, son franc-parler, ses interrogations, ses silences, ses remises en question. Personnalité très forte, le sociologue passe souvent d’une analyse pointue à une réflexion plus intime, plus critique, mais toujours à la recherche de l’objectivité.

Voilà un film lié à des thématiques pour le moins sociétales et qui aborde de multiples questions: la jeunesse et ses problèmes actuels, la famille, la vieillesse et le handicap physique, la situation et le sort des femmes dans leurs luttes pour l’égalité. On découvre aussi les portraits d’artistes marquants, les existences difficiles de certains paysans (les parents de Bernard Crettaz cultivaient la terre dans le val d’Anniviers), sans oublier le sort des migrants. Le cinéaste a su capter la richesse intérieure de tous les personnages qu’il filme, sans oublier de signaler aussi leurs limites, tout cela dans une mise en scène à la fois sobre, teintée d’originalité et d’exigence, de douceur et de puissance à la fois. Le récit interpelle et nous renvoie à nous-mêmes et à notre époque.

Antoine Rochat

Appréciations

Nom Notes
Antoine Rochat 16