Réalisé par | Marco Bellocchio |
Titre original | Rapito |
Pays de production | Italie, France, Allemagne |
Année | 2023 |
Durée | |
Musique | Fabio Massimo Capogrosso |
Genre | Drame |
Distributeur | Agora |
Acteurs | Filippo Timi, Fausto Russo Alesi, Barbara Ronchi, Samuele Teneggi, Paolo Pierobon, Leonardo Maltese, Enea Sala |
Age légal | 12 ans |
Age suggéré | 16 ans |
N° cinéfeuilles | 910 |
Bologne, 1857: Edgardo Mortara, fils d’une famille juive, est enlevé à sa famille par les gendarmes au service de la papauté. En effet, baptisé en secret par la gouvernante, l’enfant est reconnu comme appartenant à l’Église catholique et doit dès lors recevoir une éducation appropriée à la foi.
L’Enlèvement, dernier film de Marco Bellocchio et librement inspiré d’un fait historique, se penche sur la fin de la toute-puissance pontificale en Italie. Partant de l’histoire individuelle d’Edgardo, le film aborde un moment charnière dans l’histoire collective de l’Italie d’aujourd’hui. En effet, selon Pina Totaro, conseillère historique pour le film, «le destin [d’Edgardo] se confond presque avec les événements historiques les plus marquants du Risorgimento: la chute du pouvoir temporel des papes, la prise de Rome et l’unification du pays». Plus qu’un film historique, L’Enlèvement replace une subjectivité là où on ne pourrait retracer que les grands mouvements de l’histoire. La mémoire collective des événements est captée par ce petit garçon dont la vie est chamboulée par le contexte politique dans lequel il voit le jour. «Dernier sursaut» d’un régime totalitaire qui était celui du pape, l’exemple Mortara permet de saisir avec sensibilité les conflits idéologiques et sociaux de l’Italie de la fin du 19e siècle.
Au centre du film, les effets de miroir et le montage alterné. Alternances entre les rites juifs et catholiques, miroir des figures d’autorité pour Edgardo. De fait, la vie des catéchumènes remplace la vie familiale, le pape et Dieu le Père se substituent aux parents du garçon et ce dernier grandit dans un environnement qui le destine à devenir prêtre. Malgré les efforts ininterrompus de la famille pour récupérer leur fils, ce n’est que lors de l’entrée des révolutionnaires dans Rome le 20 septembre 1870 que celui-ci a enfin la possibilité de se libérer de l’Église, qui l’aura élevé durant douze ans. L’Enlèvement, en sélection officielle à Cannes et gagnant de plusieurs prix au Rubans d’argent en 2023 raconte ainsi l’individu écrasé par le poids d’une histoire et d’une organisation extrêmement puissante qu’est l’Église catholique. Dénonçant la puissance des dogmes et la folie des hommes de pouvoir, le film est aussi empreint de poésie. Edgardo Mortara n’est pas seulement un personnage de l’histoire, c’est aussi un homme avec ses rêves et ses obsessions. Le pouvoir de Bellocchio réside dans sa capacité à raconter les mouvements intérieurs et secrets d’Edgardo, ses obsessions et ses désirs tout en les mélangeant à la trame du récit dans un tissage savant. Marco Bellocchio, reconnu dès son premier film Les Poings dans les poches (I pugni in tasca) comme un réalisateur de talent, livre ici une fresque historique grandiose empreinte de grâce.
Nom | Notes |
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16 | |
12 | |
Kevin Pereira | 12 |
Tobias Sarrasin | 18 |
Sabrina Schwob | 14 |