Les Meutes

Affiche Les Meutes
Réalisé par Kamal Lazraq
Titre original Les Meutes
Pays de production France, Belgique, Qatar, Arabie Saoudite
Année 2023
Durée
Musique Pauline Rambeau de Baralon
Genre Drame
Distributeur CityClub
Acteurs Ayoub Elaid, Abdellatif Masstouri, Mohamed Hmimsa
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 909

Critique

Une nuit sans fin à Casablanca, Hassan et Issam, père et fils, doivent se débarrasser d’un macchabée. Une course contre le temps s’engage, et avec elle, une galerie de sales gueules qui défilent dans une tortueuse descente dans les abîmes, où la confusion règne entre animalité et humanité.

Le film s’ouvre par l’agonie d’un chien mourant, charcuté par un congénère lors d’un combat clandestin. Puis, la gueule cassée de Hassan (Abdellatif Masstouri, acteur amateur comme la majeure partie du casting) apparaît, ses traits marqués se confondent à la brutalité animale, sa peau rocailleuse en fardeau indélébile de sa vie d’ex-taulard, sa voix rauque d’outre-tombe à la tonalité bestiale: il incarne l’animalité de l’homme, le trait d’union entre les vociférations du chien et la violence inhérente au genre humain. Et Kamal Lazraq (dont c’est le premier long métrage après un premier court dans le milieu justement des combats de chiens) ne cesse d’en jouer, confondant l’animal (la place prépondérante du chien de la première à la dernière scène) à l’humain, s’en amuse d’un ton parfois burlesque et l’absurdité de certaines situations (l’ivrogne qui tombe lui-même à l’eau avant le cadavre) pour finir à dessiner très scolairement (il a fait ses classes à la Fémis) l’expiation religieuse du péché à travers la quête de rachat du père envers son fils.

Le pardon est au centre des affaires, et là encore de manière très didactique, Lazraq nous aligne d’abord une scène où le défunt est lavé et préparé pour éviter le mauvais œil (par ailleurs la plus belle scène du film) puis d’un parallélisme un peu neuneu le père et le fils se lavant ensemble de manière similaire pour recevoir le pardon divin. Mais dramatiquement, le ver est déjà dans le fruit et l’on se détourne clairement d’un sort qui ne nous intéresse guère, noyé dans cette addition de rencontres et de situations non accordées.

Bien sûr, on pense aux frères Safdie (Good Time), à Scorsese (After Hours), à du Tarantino sans humour (Reservoir Dogs), au cinéma social et vaporeux de Ken Loach, un peu de violence mais pas trop, un rythme de sénateur qui ronronne, et voilà les ingrédients idoines d’un film de festival qui émeut bien facilement les accrédités aux yeux rougis (Prix du Jury de la section Un certain regard à Cannes cette année). Tout semble donc factice, presque malicieux à jouer avec les codes du genre, et Lazraq a beau additionner les seconds rôles dans un concours de charisme de l’extrême (le repenti, l’étranger, l’alcoolo, le mafieux local, la gentille grand-mère), il n’en tire pas grand-chose, ni d’émotions vives, ni d’esthétique à tomber, une fourmilière de personnages qui masque l’essentiel, cette relation père-fils qui s’étiole jusqu’à perdre tout intérêt à suivre leur aventure à rallonge.


Pierig Leray

Appréciations

Nom Notes
Pierig Leray 10