Bernadette

Restée douze ans au poste de 1ère dame de France, Bernadette «Bernie» Chirac, célèbre moitié de feu le président Jacques, a œuvré toute sa vie pour ne pas rester dans l’ombre de son sympathique mari. Un film biographique qui se veut largement inspiré des faits réels, présentant la métamorphose de Madame Chirac dont la popularité passe de vieillotte bourgeoise, terne et morose, au statut de personnalité politique populaire plébiscitée par les médias.

Couple phare de la Ve République, les Chirac ont surtout marqué les esprits pour leur calme indétrônable et leur binôme. Par-deçà leur vie personnelle, le premier long métrage de Léa Domenach brosse un portrait mignon d’une des dernières grandes dames de président, ses prédécesseuses n’ayant eu que peu de goût pour le devoir politique. «La tortue», surnommée ainsi par son mari pour la lenteur de ses pas comparés aux grandes enjambées du ténébreux président, est incarnée par Catherine Deneuve, 80 ans, quelque peu fatiguée, mais complètement liftée. C’est ce qui frappe d’entrée de scène, un casting déjà vieux au moment des présidentielles de 1995. Jacques Chirac interprété par Michel Vuillermoz semble usé, ses conseillers déjà têtes grises - ce qui est en soit assez équivoque de l’ère chiraquienne, laissant derrière elle une poussiéreuse, mais tranquille atmosphère politique.

Fiction-comédie détendue, on en apprend au final assez peu sur le personnage de Bernadette Chirac, restant dans la superficialité de ses tenues Lagerfeld. On retiendra des traits de Madame sa ténacité et sa solidité, car elle fut une femme trompée, mais résiliente qui souda son clan familial dans l’enceinte de l’Élysée, mais sans aucune ferveur.

Finalement, ce film ne rend pas justice à l’épopée de Madame Chirac ni à son portrait, tant il s’accroche à des anecdotes et reste très distancié des personnages. On gardera en mémoire l’impression d’un banal pastiche non assumé.