Momentum

Affiche Momentum
Réalisé par Edwin Charmillot
Titre original Momentum
Pays de production Suisse
Année 2021
Durée
Musique Tom Leclerc
Genre Drame
Distributeur Sister Distributions
Acteurs Sarah Bramms, Stéphane Monpetit, Louna Drouin, Robert Szuplewski
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 908

Critique

Emma est une adolescente qui passe l’été dans ses montagnes jurassiennes du côté de Saint-Ursanne. En dehors des moments qu’elle partage avec sa meilleure amie, elle reste seule à ruminer sa mélancolie dans sa chambre. Nous découvrirons qu’un an plus tôt, un accident a bouleversé sa vie. Lorsque Tom, un garçon qui a lui aussi été touché de près par ce drame, revient dans les parages, une relation va se nouer.

Il y a énormément de bons points et de qualités dans ce premier long métrage du jeune réalisateur Edwin Charmillot, natif de la région de Delémont. Presque toutes les qualités, à vrai dire... sauf, malheureusement, la principale, la plus importante: la réelle volonté de nous raconter une histoire. Car incontestablement, il a une jolie technique, probablement basée en grande partie sur sa cinéphilie. Il sait filmer ses paysages et ses comédiens, sait jouer du travelling, utiliser judicieusement la musique, créer une atmosphère forte, installer l’introspection. Il n’a pas peur non plus, et c’est tant mieux, de privilégier la lenteur des plans et du montage. Cette lenteur qui peut être profonde et belle, mais que semblent fuir comme la peste la plupart des cinéastes contemporains. Si c’est une mode, il faudrait qu’elle passe. La mise en scène et la technique sont donc inspirées, nulle prétention dans le film, on ressent très bien la mélancolie contemplative, on voit comme deux êtres peuvent se rapprocher dans le souvenir d’un drame, mais...

Mais, malheureusement, cela ne suffit pas pour nous appâter pour de bon, car finalement le film ne raconte pas grand-chose. C’est certainement un choix délibéré de privilégier l’ambiance au récit, mais ce n’est pas un bon calcul. Il faudrait au moins que ces deux notions soient à égalité. Sans avoir eu l’œil sur la montre, on estime à vue de nez que sur 60 minutes de film, une quinzaine font avancer l’histoire et le reste est de la mise en scène illustrative. On imagine ainsi, probablement à tort, mais c’est une impression tenace, que le cinéaste fait du remplissage avec des plans très longs et hors sujet de routes sinueuses qui défilent dans la forêt, de trains qui foncent, de vallons, de collines, de vaches, de ruisseaux et de nuages. Certes, encore une fois, les atmosphères, les mélancolies, les non-dits sont palpables, mais il finit par manquer au public quelque chose à se mettre sous la dent. Il en est de même avec les dialogues qui sont ici très rares, ce qui est plutôt une qualité, beaucoup de films étant excessivement verbeux. Mais dans ce cas, lorsque de temps en temps il y a un dialogue, il se doit d’être percutant. Or ici, les répliques sont sibyllines. Trop sibyllines pour que le public se sente réellement pris par la main et emmené quelque part.

Espérons donc que la prochaine fois, en plus de ses qualités de technicien et de metteur en scène, Edwin Charmillot prendra le soin de concerner, surprendre, manipuler davantage ses spectateurs. Dans ce cas, nous accueillerons sans restriction aucune et avec joie l’arrivée d’un nouveau venu dans le cinéma suisse. Précisons enfin que Momentum fut produit avec de maigres fonds privés et familiaux. Une bonne raison de le soutenir malgré tout.

Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 12