Le Règne animal

Affiche Le Règne animal
Réalisé par Thomas Cailley
Titre original Le Règne animal
Pays de production France
Année 2022
Durée
Musique Andrea Laszlo De Simone
Genre Fantastique, Science-fiction
Distributeur Praesens-Film
Acteurs Romain Duris, Adèle Exarchopoulos, Paul Kircher
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 908

Critique

Neuf ans après son premier long métrage, Thomas Cailley nous livre une œuvre visuellement impressionnante, qui interroge sur le rapport de l’humain à la nature et à sa part d’animalité. Pas tout à fait aboutie sur le plan narratif, elle reste cependant une excellente surprise, notamment grâce à son duo de personnages.

Émile et François évoluent dans un monde atteint d’une étrange maladie provoquant des mutations animales chez certaines personnes, dont Lana, respectivement mère et épouse de nos deux protagonistes. Lorsque celle-ci doit être transportée dans un centre dans le sud de la France, ils n’hésitent pas à la suivre. Mais des bouleversements bien plus profonds les attendent…

Certes, l’histoire proposée par Le Règne animal n’est pas des plus originales, puisque le romancier H. G. Wells abordait déjà la question des rapports humains-animaux par le biais de croisements entre ceux-ci (bien qu’issus d’expériences scientifiques et non de mutations «naturelles») dans L’Île du docteur Moreau, publié en 1896. Il est vrai également que ce film se traîne un peu en longueur, exposant des sous-intrigues mal développées (surtout celle de l’enquête policière impliquant Adèle Exarchopoulos, dont le talent n’est pas exploité ici à sa juste valeur). Toutefois, comment ne pas constater aussi qu’il adopte une approche rafraîchissante sur le récit «catastrophe», à savoir qu’il ne se concentre pas sur l’apparition de la maladie dans la société ni sur la recherche d’une solution. Les spectatrices et spectateurs sont catapultés au cœur de cet univers hybride et doivent y trouver leurs repères, pêchant les informations nécessaires au gré des dialogues. Les créatures, dont le maquillage et les effets spéciaux sont superbes, entre menace et victimes, représentent encore un mystère à apprivoiser.

Si l’on devait faire la comparaison avec un autre film de genre français sorti récemment, on pourrait dire que Le Règne animal et l’anti Acide: les personnages sont attachants, la dynamique entre eux est crédible et souvent émouvante, le duo père-fils n’est pas perclus de clichés, et des touches d’humour bienvenues viennent apporter un peu de légèreté à l’ensemble. La figure paternelle incarnée par Romain Duris, résistant dans l’âme qui nomme son fils Émile (Zola) et son chien Albert (Camus) et cite le poète surréaliste René Char à tout bout de champ, semble creuse au premier abord, mais s’épanouit au long de la réalisation. Comme dans Acide en revanche, cette dernière illustre le passage à l’âge adulte dans un monde qui court à sa perte, que les humains saccagent. Celles et ceux qui ne se transforment pas en animaux (la norme) sont vus comme reniant leur lien avec la nature, préférant enfermer les «bestioles» (la monstruosité) dans des centres, derrière de grands murs en béton qui contrastent avec la forêt où habitent François et Émile, pour bien montrer à quel point notre monde est détraqué, puisque l’inverse devrait être vrai. Entre fable écologique, drame coming of age et aventure familiale sur fond science-fictionnel, Le Règne animal en a pour tous les goûts et offre une maîtrise technique qu’il serait dommage de bouder.

Amandine Gachnang

Appréciations

Nom Notes
Amandine Gachnang 15
Marvin Ancian 14
Tobias Sarrasin 10