DogMan

Affiche DogMan
Réalisé par Luc Besson
Titre original DogMan
Pays de production France, USA
Année 2023
Durée
Musique Eric Serra
Genre Drame
Distributeur Ascot Elite
Acteurs Marisa Berenson, Caleb Landry Jones, Christopher Denham, Jojo T. Gibbs
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 907

Critique

Le nouveau film de Luc Besson DogMan est bien supérieur à ce qu’il nous a proposé depuis plusieurs années, et notamment le navrant Anna en 2019. Il n’est toutefois pas abouti, car hybride. Une première moitié qui accroche, interroge, parfois fascine, et est pleine de promesses; et une seconde partie qui, sans être totalement un pétard mouillé, lorgne vers le tout ça pour ça.

Une nuit, sur une route américaine, un homme couvert de sang, grimé en Marilyn Monroe, est arrêté par la police. À l’arrière de son camion, des dizaines de chiens de toutes races. Emmené au poste, il se racontera à une psychologue. Le flash-back qui s’ensuivra permettra de connaître le passé de cet homme étrange, de son enfance aux heures qui précèdent. Nous découvrirons alors la trajectoire d’un enfant ayant passé une jeunesse sordide auprès d’un père violent, et qui ne connaîtra finalement une certaine plénitude que grâce à l’amour et à la parfaite compréhension réciproque qu’il partage avec ses chiens.

On sent très vite, et c’est encourageant, que Besson retourne au style et au type de scénarios qu’il avait dans ses meilleurs films datant des années 1990, comme Nikita et surtout Léon. Douglas (Caleb Landry Jones) ressemble aux personnages joués par Anne Parillaud et Jean Reno dans ces deux derniers titres, quelqu’un que les blessures ont transformé en monstre, mais qui aspire à la paix et à la rédemption. Il faut dire qu’à l’époque, Luc Besson était un artiste et pas encore un homme d’affaires. Ici, il parvient rapidement à instiller fascination et malaise, aidé par une violence savamment dosée et, surtout, par l’acteur principal qui est le point fort du film, absolument spectaculaire et génial de bout en bout. Il est vrai que son personnage, démarrant dans la vie comme victime puis devenant un justicier marginal effrayant, taiseux, incompris et lourdement handicapé, un bourreau, mais pour des raisons presque nobles, est du pain béni pour un acteur. Dans cette première partie, tout sentiment, toute rencontre de Douglas semble alimenter la psychose, chaque scène suggère le malaise et la folie de son environnement, chaque moment de bonheur ou d’espoir prend tout son sens.

Suite à ce début, on s’attend avec délectation à une série de claques jouissives et à un uppercut final. C’est là malheureusement que le film commence à se diluer, à partir un peu dans tous les sens, dérivant presque vers une comédie policière surréaliste. Les chiens de Douglas qui lui apportent de la farine ou lui servent à voler des bijoux dans des maisons bourgeoises, c’est un peu léger. Au passage, apparition fugace, mais marrante de Marisa Berenson. Besson oblige, une scène très violente, digne d’Equalizer, va suivre. Le souci est que, toujours dans Léon ou Nikita, l’outrance, la violence, l’esbroufe servaient le récit alors qu’ici c’est le contraire, c’est l’histoire qui est au service de l’esbroufe. Avec une fin ouverte et trop lourdement symbolique, le film laisse sur sa faim.

Cela dit, répétons que DogMan est ce que Besson a fait de mieux depuis longtemps. Quant aux scènes de transformisme, dans lesquelles Douglas s’invente un nouveau visage ce qui lui permet de se trouver enfin, en dehors de ses chiens, une nouvelle famille, elles sont très réussies. Elles permettent par moments à ce film de mélanger très habilement l’action et le drame.


Philippe Thonney

Appréciations

Nom Notes
Philippe Thonney 12