Les Algues vertes

Affiche Les Algues vertes
Réalisé par Pierre Jolivet
Titre original Les Algues vertes
Pays de production FRANCE , BELGIQUE
Année 2023
Durée
Musique Adrien Jolivet
Genre Fiction, Thriller écologique
Distributeur CityClub Pully
Acteurs Nina Meurisse, Céline Sallette, Julie Ferrier, Jonathan Lambert
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 906

Critique

Fait divers régional pour certains ou véritable catastrophe écologique, Les Algues vertes est une adaptation du roman graphique du même nom, tiré de l’enquête menée par Inès Léraud sur le scandale des algues vertes des marées d’algues vertes se développant depuis quarante ans sur les côtes bretonnes. Un thriller écologique témoignant des affres de l’agrobusiness et du trafic d’influence à échelle nationale, entérinant un vrai scandale sanitaire.

Inès (Céline Sallette) est journaliste indépendante, fraîchement installée dans la commune de Coat-Méal avec sa compagne Judith (Nina Meurisse) professeure de philosophie. Animant l’émission de radio «Chronique bretonne» diffusée sur grande antenne. Sa nouvelle enquête porte sur la prolifération des algues vertes s’échouant sur les berges et le sable armoricain, causé principalement par l’élevage intensif de porcs avoué à demi-mot. En se décomposant, ces algues entraînent l’émanation d’un gaz toxique, l’hydrogène sulfuré, vraisemblablement responsable de la mort inexpliquée de plusieurs hommes et animaux sur le territoire.

Comme dans toute investigation politico-écologique, la journaliste se heurte rapidement à l’hostilité locale, car cette fière agriculture qui fait vivre ces communautés bretonnes est aussi celle qui les exploite et qui les tue. Remuant terre et mer pour tenter de faire la lumière sur la vérité, Inès se retrouve isolée, harcelée par les syndicats puis mise au placard par sa direction pour cause de sujet qui dérange. Face au puissant silence breton où comme l’énonce Rosy, la femme d’une des victimes empoisonnées au gaz toxique «chacun a un fils, un ami, un proche travaillant dans l’agro. Parler, c’est prendre le risque de lui faire perdre son travail», attester que les algues vertes portent atteinte à la santé des locaux, c’est exposer les revers d’une industrie gigantesque. Loin de décourager la chroniqueuse qui s’électrifie au fil de l’enquête, les consciences s’éveillent à la suite nouveaux éléments macabres, créant une mouvance de lutte lui permettant d’aider les familles des victimes et de contribuer à effriter l’omerta gouvernementale.

Coscénariste de ce film, Inès Léraud est en réalité journaliste, vit en Bretagne comme son personnage, exerce toujours sa profession en animant la chronique «Histoire bretonne» faisant partie des podcasts «Les pieds sur Terre» produits par France Culture depuis 2016. Pure fiction ou pure enquête déguisée en fiction pour temporiser les probables foudres à venir des groupes agroalimentaires ainsi que de la Fédération nationale des syndicats des exploitants agricoles section Bretagne (qui a déjà intenté deux procès pour diffamation à l’intéressée) ne sont pas présentés sous leurs meilleurs jours. Les Algues vertes a le mérite d’être équilibré dans son écriture, dans son casting ainsi que dans le combat qu’il présente; en évitant de tomber dans le piège du sacro-saint dualisme manichéen ou par l’exagération romanesque. Rappelant que le cinéma peut également être utilisé à des fins politico-humanitaires, humanitaire dans sa définition originelle: qui vise à améliorer la condition des hommes. Un genre soutenu par des professionnels conscients de l’art et la manière dont le journalisme d’investigation, ainsi que l’information est traitée par les groupes médiatiques puis remâchée auprès du citoyen.

Dans ce cas précis, le film s’interroge sur la transformation du littoral breton sans que personne ne veuille ou ne puisse s’attaquer au problème, posant également les limites des politiques agricoles sous couvert d’un besoin de compétitivité et d’une mondialisation effrénée. Un film sans fard ni paillettes qui a pour qualité d’exposer avec justesse la lutte contre l’ostracisme et sa réussite.

Emilie Fradella

Appréciations

Nom Notes
Emilie Fradella 12
Anthony Bekirov 10