Sparta

Affiche Sparta
Réalisé par Ulrich Seidl
Titre original Sparta
Pays de production Autriche, France, Allemagne
Année 2023
Durée
Genre Drame
Distributeur Xenix
Acteurs Georg Friedrich, Hans-Michael Rehberg, Florentina Elena Pop
Age légal 16 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 906

Critique

Avec Sparta, deuxième volet d’un diptyque amorcé l’année dernière avec Rimini, l’Autrichien Ulrich Seidl poursuit sa traversée des continents les plus noirs de l’âme humaine en suivant un personnage de pédophile.

Ewald, un homme d’une quarantaine d’années, abandonne sa routine et sa fiancée pour ouvrir un centre sportif pour jeunes garçons dans une bourgade roumaine. Les gamins du village se lient rapidement avec le nouvel arrivant, suivent les cours de judo qu’il leur propose et font de l’ancienne école où il s’est installé leur terrain de jeu, malgré la méfiance de leurs parents. De son côté, Ewald est contraint de faire face à une réalité longtemps refoulée: son attirance sexuelle pour les enfants, et en particulier pour un de ses élèves...

À grand renfort de longs plans fixes à la composition irréprochable, Ulrich Seidl plonge avec Sparta dans les tréfonds de l’esprit d’un personnage sombre et contradictoire. En dépeignant la lutte d’un homme contre son désir, le cinéaste signe une fois encore une œuvre profondément dérangeante. En effet, Seidl ne fait pas le choix de filmer de manière clinique le quotidien d’un pédophile - une démarche déjà entreprise par un autre Autrichien, Markus Schleinzer, dans Michael (2011) -, mais cherche au contraire à provoquer chez le spectateur ou la spectatrice une forme paradoxale d’empathie pour cet individu cherchant à endiguer ses pulsions, tout en laissant planer sans cesse la menace d’un passage à l’acte. Chaque plan provoque de fait un malaise saisissant, qui résulte en bonne partie de la construction cruelle - et éthiquement discutable - d’un suspense autour de la possibilité qu’Ewald laisse libre cours à ses pulsions. Inévitablement, le visionnage paraît long, très long.

Au-delà de cette pénible stratégie narrative qui en rebutera plus d’un, la véritable force du film réside dans une représentation acerbe d’une société structurée par des figures paternelles défaillantes, violentes et malades: à travers le portrait des hommes du village assénant des coups à leur progéniture, celui du vieux père d’Ewald, auquel ce dernier rend régulièrement visite dans son home, marmonnant dans sa démence des vœux d’allégeance au Führer ou encore celui du protagoniste lui-même, admiré par des enfants pour lesquels il représente un réel danger, le réalisateur dépeint une société patriarcale glaçante, en pleine dégénérescence... En somme, le cinéma autrichien contemporain n’a rien perdu de sa légendaire joie de vivre!

Noé Maggetti

Appréciations

Nom Notes
Noé Maggetti 13